L'influence du symbolisme maçonnique sur le symbolisme révolutionnaire

k OTTO KARMIN

pas accès aux archives du Grand Orient de France? D'ailleurs, son étude ne va encore que jusqu'à l’année 1774, et tout jugement de cette nature serait prématuré.

Or, même en établissant la liste complète des francs-macons anté-révolutionnaires, quelles conclusions pourra-t-on tirer, en voyant que non seulement Brissot, Danton et Camille Desmoulins faisaient partie des ateliers, de même que Mirabeau, Lafayette et Condorcet, mais que le comte de Provence, ie comte d’Artois, que Louis XVI lui-même étaient des francs-maçons réguliers de la « juste et parfaite loge La Militaire des trois frères unis, à l'Orient de Versailles. » (1)

Comme si souvent en histoire, là encore la preuve indirecte sera la meilleure ; et si l’on arrive à constater que non seulement l'esprit mais encore la forme des manifestations révolutionnaires sont les mêmes que ceux de la franc-maconnerie, que les coutumes maçonniques se retrouvent dans les usages introduits par la Révolution, alors on pourra con- : clure — non pas à un complot préparé et exécuté par les 688 loges du Grand Orient de France (2) et par celles, moins nombreuses, des autres organisations maçonniques — mais à une profonde pénétration de l'esprit du temps par les idées et habitudes de la franc-maconnerie.

Ce que nous nous proposons de faire, c’est une des re-, cherches nécessaires pour faire la démonstration demandée : nous voulons examiner l'influence du symbolisme maçonnique sur le symbolisme révolutionnaire. Mais, en procédant ainsi, de grandes précautions devront être prises. Comment, par exemple, faudra-t-il expliquer le sens symbolique de la cocarde nationale? Est-elle la combinaison de la coulenr de la royauté (blanc) avec les couleurs de Paris (bleu-rouge)? Est-elle un symbole des trois états (noblesse-rouge; clergéblanc; tiers-bleu)? Ou est-elle, comme le laisse supposer

(1) Louis Aurage, Une loge maçonnique d'avant 1789. Paris, 1897, p. 184. (2) Charles BERNARDIN, Précis historique du Grand Orient de France. Nancy, 1909, p. 169.