La France sous le Consulat

152 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

Pape la révocation des anciens évêques, aussi bien de ceux qui avaient accepté la constitution civile du clergé que de ceux qui l'avaient refusée et étaient restés fidèles à l’orthodoxie; — la suppression des anciens sièges épiscopaux et archiépiscopaux et la création de nouveaux diocèses ; — la nomination par le Premier Consul des nouveaux évêques, qui recevraient du Pape l’investiture canonique ; — la nomination des curés par les évêques, mais avec l'agrément du gouvernement ; — la reconnaissance par la cour de Rome de la validité de la vente des biens du clergé, moyennant un traitement convenable assuré par l'Etat aux fonctionnaires ecclésiastiques. À ce prix, mais à ce prix seulement, il détruisait l’Eglise constitutionnelle, replaçait la France sous l'autorité du Pape, y rétablissait l'Eglise catholique romaine avec sa hiérarchie, sa discipline et ses principes.

La conscience de Pie VIT se révolta contre deux de ces exigences principalement. Le Pape pouvait-il déposer, dépouiller de leurs prérogatives, tous les anciens évêques de France, les seuls véritablement orthodoxes, qui, par fidélité au Saint Père et aux doctrines apostoliques, avaient souffert le dénàment, les persécutions, l'exil ? Le Pape pouvait-il instituer les anciens évêques constitutionnels nommés par le Premier Consul aux nouveaux sièges, concurremment avec les évêques orthodoxes, leur conférer une autorité égale à ces derniers, sans qu'ils eussent confessé et retracté leurs erreurs? D'autre part, le Pape ne pouvait consentir, après les scandales de la Révolution, à un partage entre la religion catholique et les autres cultes, et il insistait pour que le catholicisme fût déclaré religion de l'Etat et pour que les Consuls en fissent publiquement profession. Enfin, comme le soin des intérêts du ciel ne devait pas faire négliger ceux de la terre, il insinuait, dès l’ouverture des négociations, que la restitution des Légations pontificales de la Romagne, enlevées au Saint Siège par le traité de Tolentino, ne serait qu'un