La France sous le Consulat

154 LA FRANCE SOUS LE CONSULAT

juste dédommagement des sacrifices demandés à l'Eglise.

Mais la cour de Rome n'était pas assez puissante pour imposer ces concessions. Elle s’efforça d’en obtenir, au moins une partie, à force de souplesse et de diplomatie. De là, des atermoiements et des lenteurs qui exaspérèrent Bonaparte. Il était d'autant plus pressé d’en finir que la nouvelle des négociations avec Rome, répandue dans le public, soulevait un mécontentement général dans son entourage, dans les assemblées législatives, parmi les fonctionnaires et les militaires. Il résolut donc de brusquer l'affaire et ordonna à Cacault de déclarer les négociations rompues et de quitter Rome si le traité n’était pas conclu dans les cinq jours. Le Pape envoya à Paris son secrétaire d'Etat, le cardinal Consalvi (juin 1801). « Je sais le motif qui vous amène ici, dit le Premier Consul à l'envoyé pontifical. Vous avez cinq jours pour les négociations. Si, d'ici là, le traité n’est pas signé, tout est rompu. » Dans une autre audience il déclara son intention de ne pas se borner à une rupture. « Si Henri VII, dit-il, qui n'avait pas la vingtième partie de ma puissance, a pu changer la religion de son pays, bien plus le saurai-je etle pourrai-je faire, moi! Je la changerai, non seulement en France, mais dans toute l’Europe ! Rome versera des larmes de sang. mais il sera trop tard ; il n’y aura plus de remède.., partez donc ; partez; quand partez-vous? » Consalvi céda. D'un côté, la menace de voir détruire ce qui restait de catholicisme en France, de l’autre l'énorme accroissement de puissance spirituelle que la Papauté retirait du Concordat par la destruction de l'Eglise constitutionnelle et par l'acte d'autorité en vertu duquel elle instituait de toutes pièces une nouvelle Eglise immédiatement subordonnée à Rome, le décidèrent à renoncer à faire déclarer le catholicisme religion de l'Etat, et à consentir à ce que le Pape sommât tous les anciens évêques de donner leur démission et prononçât la déchéance de ceux qui