La France sous le Consulat
LES CONSULS 19
talents, qui étaient réels. Cambacérès, né en 1753 d’une famille de magistrats du Languedoc, avait succédé à son père dans sa charge de conseiller à la Cour des aides de Montpellier. « Il avait été membre de la Convention (où il avait voté la mort de Louis XVI après quelques timides essais pour le sauver.) Sa carrière politique n'avait éte déshonorée par aucun excès. Il jouissait, à juste titre, de la réputation d’un des premiers jurisconsultes de la république ‘. » Lebrun, né en 4739 dans un village voisin de Coutances, payeur des rentes et inspecteur général des domaines sous l’ancien régime, avait été le secrétaire du chancelier Maupeou. Littérateur élégant et fleuri il avait traduit la Jérusalem délivrée et l'Iliade. Membre de l'Assemblée constituante il y avait été le rapporteur de presque toutes les lois de finances. Emprisonné pendant la Terreur, il avait été sauvé par le 9 thermidor et était devenu membre du Conseil des Anciens. Son ami Rœderer l’avait indiqué à Bonaparte, qui trouva en lui un administrateur compétent, un financier habile, un rédacteur disert et facile.
Conformément à la constitution, Siéyès et Roger-Ducos avec Cambacérès et Lebrun nommèrent la majorité du Sénat, — soit 31 sénateurs, — qui se compléta ensuite lui-même jusqu'à concurrence de soixante membres. Ce nombre devait être porté à soixante-deux dans le cours de l'an VIII, à soixante-quatre en l'an IX et s'élever ainsi graduellement à quatre-vingts.
Le Sénat une fois constitué nomma les tribuns et les législateurs. Comme les listes d'éligibilité ne devaient être formées que dans le cours de l’an IX, les choix du Sénat furent plus libres à cette époque que dans la suite où la volonté de Bonaparte s’imposa de plus en plus. Le Premier Consul, de son côté, nomma les conseillers d'État. Lanomination de 60 sénateurs, des 100 tribuns, des 300 législateurs, des
1. Napoléon, fragment sur les consuls.