La France sous le Consulat
LES PRÊTRES RÉFRACTAIRES 29
frappaient les prêtres qui avaient refusé de prêter le serment à la Constitution civile du clergé établie par la Constituante. La Constituante les avait dépossédés, la Législative les avait exilés et déportés, la Convention les avait punis de mort dans les vingt-quatre heures. Suspendues quelque temps, au commencement du Directoire, les persécutions avaient recommencé après le 18 fructidor, mais cette fois pour s'étendre indistinctement à tous les prêtres, aux assermentés comme aux insermentés. La loi du 5 septembre 1797 donnait au Directoire le droit de déporter sans jugement les prêtres qui troubleraient la tranquillité publique, et exigeait d’eux le serment de haine à la rovauté et à l'anarchie, d’attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l’an IIF. Ainsi, les mesures dictées par le salut de la République et maintenues par les discordes politiques et religieuses fermaient la France ou rendaient son séjour intolérable à un grand nombre de Français. Aussitôt maître du pouvoir Bonaparte se mit à l’œuvre avec celte activité, cette sûreté de coup d'œil, cette puissance de travail qui font de lui l’un des plus grands conducteurs d'hommes qui aient existé. « Pour les affaires publiques, a-t-il dit lui-même, administratives et militaires, il faut une forte pensée, une analyse profonde, et la faculté de pouvoir fixer longtemps les objets sans être fatigué" » Sa capacité de travail, à cette époque, est presque illimitée ; il y joint cette étonnante souplesse d'esprit qui lui permet de passer rapidement en revue des choses très différentes en appor{tant successivement à chacune d'elles la force d’attention, la fécondité de combinaisons et de moyens d’un spécialiste. Toutes les affaires défilent sous son regard avec ordre et méthode. L'arrêté du 12 janvier 1800 a fixé les jours des différents conseils. Le primidi de chaque décade, conseil gé-
1. Napoléon, Fragment sur les Consuls Provisoires.