La France sous le Consulat
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mais plutôt de la tiédeur et l'attente curieuse de ses premiers actes. Cependant la hausse des fonds d'État à la Bourse indiquait la confiance des négociants et des gens d'affaires : le tiers consolidé qui, le 17 brumaire, était à {1 francs 33, monta le 18 à 12 franes 33, le 19 à 14 francs 28, et atteignit 20 francs le 24 brumaire.
Les jours qui suivirent le coup d'Etat un certain nombre des députés exelus du Corps législatif furent arrètés à Paris. Le 26 brumaire, les Consuls, invoquant une disposition de l'acte du 19 brumaire qui les chargeait « de rétablir la tranquillité publique », décidèrent la déportation à la Guyane de 37 personnes, parmi lesquelles les députés Destrem, Arena Marquez et Truc, et l’internement dans la Charente-Inférieure de 22 autres républicains.
Les journaux mentionnèrent, comme ayant figuré sur la liste d’internement, le général Jourdan, le vainqueur de Fleurus, qui, dans la journée du 19 brumaire, avait adjuré les soldats d’obéir à la loi. À quelques jours de là, un arrêté consulaire remplaça la déportation et l’internement par une mise sous la surveillance de la police. Les Consuls jugèrent habile de laisser publier qu'ils avaient, après coup, effacé le nom de Jourdan qui, en réalité, ne se trouve pas sur le registre des délibérations consulaires. Ces inoffensives proscriptions étaient plutôt une notification de la prise de possession du pouvoir qu'une mesure d'intimidation. Leur retrait rassura promptement les républicains et rallia au gouvernement plusieurs des proscrits, à commencer par Jourdan. D'autre part, les Consuls et leurs agents signifièrent nettement aux royalistes et aux catholiques l'inanité de leurs espérances de réaction. Toutes les pièces de théâtre relatives aux événements actuels furent interdites, tandis que le ministre de l'intérieur, Laplace, écrivait aux administrations départementales : « Ne négligez aucune occasion de prouver à vos concitoyens que la superstition n'aura pas plus