"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)
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CHAPITRE XI.
chantent les luttes des Serbes contre les Turcs et l’une, la sixième, les Monténégrins, la lutte contre Napoléon. C’est que le poète russe fut, sans le savoir, l’un des premiers apôtres du panslavisme et qu’il voulut, par sa sympathie pour l’indépendance des Slaves balkaniques, imiter en quelque sorte son maître anglais qui était tombé si glorieusement en combattant pour l'indépendance hellénique. Les guerres intestines, les vendettas, les histoires du mauvais œil, l’intéressèrent évidemment beaucoup moins que les récits des nobles exploits des Christich Mladin et des Thomas IL Aussi ses versions sont-elles plutôt des adaptations que de simples traductions. Pouchkine croit à l’authenticité de ces poésies, il en est enchanté ; mais les juget-il bizarres en quelque endroit, trouve-t-il un détail qui lui paraît mal peindre cette nation-sœur qu’il ignorait, il abrège, coupe, taille, efface, ajoute, retouche ou polit. Il change les noms : Constantin Yacoubovicb devient Marko Yakoubovitch, sa femme Miliada Zoï'a 1 . Il invente même des localités et introduit dans le Chant de Mort un village nommé Lisgor dont personne n’a jamais entendu parler. Son Hyacinthe Maglanovich ne vante plus ses talents de poète et n’exploite plus son auditoire par des ruses indignes d'un barde national. Toute cette scène scabreuse entre la belle Hélène et Piero Stamati, cynisme inconscient des primitifs, croyait Mérimée, est résumée habilement en six vers; fallu-
Marnavitch, (la Flamme de Perrussich), Bitva ou Zénitzui Vélikoï (le Combat de Zenitz.a-Velika), Fiodor i Éléna (la Belle Hélène), Vlakh v Vénétzii (le Morlaque à Venise), Gaïdouk Chrisitch, (les Braves Heyduques), Pokhoronaïa piesna Yakinfa lUaglanovitcha (Chant de Mort), Ma/rko (sic} Yakoubovitch (Constantin Yacoubovicb), Bonaparte i Tchernogortzi (les Monténégrins), Vourdalak (Jeannot). 1 Ce nom est absolument inconnu des Serbo-Croates.