La Macédoine

Bogdani-Baksic, originaire dé Ciprova, en Bulgarie, et évêque catholique de Sofia, écrit en 1650 une lettre à un cardinal pour lui recommander un de ses parents, Andreas Bogdani, proposé comme candidat à la dignité d’archeyêque cathoïique d'Ochrida. Il y raconte que son parent est « proposé pour l’archiépiscopat d'Ochrida, làbas en Serbie » (« proposto per l'arcivescovato d'Ocrida su in confini della Servia ») (x).

Pendant toute la durée du patriarcat serbe, le caractère serbe de la Macédoine n'avait pas été troublé ni affaibli.

Mais, en 1766, les Turcs supprimèrent de nouveau le patriarcat, en l'incorporant au patriarcat grec de Constantinople. Un coup terrible fut ainsi porté à la nation serbe. Les évêques serbes furent destitués, chassés ou partirent volontairement en exil, et des évêques grecs les remplacèrent® Le peuple serbe fut privé de son chef, la culture serbe perdit son protecteur et le service divin fut célébré en grec.

- Cette catastrophe affecta douloureusement les éléments du peuple serbe qui se trouvaient en dehors de l'empire ottoman. Saya Petrovie, métropolite du Monténégro, en sa qualité de représentant de la partie libre du peuple serbe, protesta auprès de la Russie contre ce crime commis contre la nation serbe et demanda qu’il fût réparé. Dans une letire adressée à Platon, métropolite de Moscou, en date du 26 février 1767, il parle du « peuple serbe sous le joug pesant et insupportable de l'esclavage ture », et mentionne les évêques serbes « de Samokov, de Skoplie, d'Istip, de Novi Pazar, de Nish, d'Uzice, de Belgrade et d'Herzégovine », qui, « chassés, privés de leurs sièges archiépiscopaux, sont errants par voies et par chemins, de sorte qu'aucun diocèse n'a plus son évêque naturel, de nationalité serbe... des Grecs ayant été envoyés à leur place. » Il supplie qu'on « rétablisse les évêques serbes détrônés » et que « le trône du

(1) Les Antiquités éditées par l'Académie Yougo-slave, XXV, 172:

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