La patrie Serbe

LA PATRIENSERBE AD ils S’affaissèrent sur ce sol âprement gagné; malgré le danger de lasituation ils s'abandonnèrent à un écrasant sommeil. Cet anéantissement à l'heure du triomphe prouve la violence de l'effort fourni par des êtres harassés, maintenus quand même jusquau bout par la volonté.

L'instant n’appartenait pas au sommeil. Pluie et mitraille mélaient leurs cataractes. En compagnie des cadavres turcs, les Serbes demeuraient Stoïques, le ciel se dissolyait et le tonnerre des explosions, secouant la montagne, suggérait l'idée d'une fin de monde.

Pendant quatre jours et trois nuits, les hommes se tuèrent sur cette montagne d'Oblakovo. Du creux des ravins la bataille semblait une bataille aérienne .Tandis qu on luttait en ce lieu farouche, les Serbes saisissaient les autres positions turques. Sans trêve la Natureaccumulait les obstacles comme si elle voulait arracher la victoire aux mains vigoureuses du Prince Alexandre ; elle contraria seulement les Serbes sans les empêcher d'atteindre leur but.

L'artillerie, traînée par lesbœufs, s'embourbait incessammentetgrimpaitavec la plus grande peïne les pentes glissantes ; souvent les canons partaient à la reculade. L'inondation couvrait la plaine. Malgré les obus et les ballesil fallut franchir la Cernä; l’eau montait jusqu'aux aisselles. Les blessés pris dans le courant allaient avec les morts. Dans le ciel brouillé par la pluie volaient les essaims de corbeaux en quête de cadavres et les projectiles à la recherche des vivants. Les petits nuages qui révélarent les fréquentes explosions montaient et descendaient les collines où, comme des fourmis, couraient les soldats. Les Turcs eurent une belle défense. Le quatrième jour, le 48, Djavid Pacha résolut de crever les lignes adverses ; il lança ses troupes par larges vagues-

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