La patrie Serbe

94 LA PATRIE SERBE bouillante. Tout est très gai dans l’âtre illuminé. Le bois pétille et semble rire, les gerbes de feu s’épanouissentet paraissent jouer à d'interminables parties de cachette. Le couvercle de la marmite marque un pas de danse et l'eau qui gazouille cherche à suivre la vapeur s'élançant en jets pâles. Bientôt on sort les œuis de la marmite ; en bataillons serrés on les aligne sur la table pour les peindre. Comme ils sont beaux les œuis rouges. Par dizaines et par dizaines ils garnissent les tables, semblables à d'énormes fleurs de grenadier déposés en bouquets sanglants.

Paques

L'air léger du jour de Pâques tressaille au carillon des cloches. Ce ne sont que vibrations argentines sur la campagne couverte de nouvelles éclosions. Chacun a l'impression d'un allègement. Le carème est parti, les consciences puriliées par leurs religieux devoirs sont nettes. On ne pense qu'à la Résurrection dont l'Eglise enseigne le dogme et le printemps prouve la réalité. Chaque personne en se rencontrant échange l'évangélique salutation : « Ghistosse voskressé » auquel on répond « Vaistinon voskressé » (Christ est ressuscité. Véritablement Il est ressuscité).

Le monde est en fête, une allégresse générale est partout répandue. Les enfants courent leurs poches gonilées par des proxisions d'œuis ; ils se cherchent afin de se défier dans une étrange lutte. A deux ils s'isolent pour choquer leur œuf contre celui de leur compagnon. Cela dure jusqu'à ce qu'une des coquilles soit brisée, le vainqueur s'empare de l'œuf cassé etle mange.

Après la messe des visites ont lieu, pareilles à celles