La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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rions manquer aux règles de la charité, si nous allions déployer aussi précipitamment les armes spirituelles contre des enfants plutôt égarés et entraînés par une fougue irréfléchie que rebelles et réfractaires ».

Ainsi, tout en portant un jugement défavorable sur les décrets de la Constituante, Pie VI n'avait pas encore pris une attitude bien agressive. Mais bientôt son hostilité s’accentue : il écrit à quelques évêques pour les encourager dans leur résistance contre la Constitution civile. Le 23 février 1791, il adresse une lettre pleine de reproches au cardinal de Brienne, coupable d'avoir prêté le serment civique ; et « favorisé les desseins des novateurs ». Ce qui est plus grave, c’est que dans cette lettre le pape condamne sans détour les principes mêmes de la Révolution :

« Qui ne voit, dit-il, que la constitution établie par l’Assemblée nationale, en laissant à l'homme la liberté de penser et d'écrire sur les matières de religion, heurte de front la religion ellemême ; que tant d’autres nouveautés qu'elle introduit renversent absolument l'autorité de l'Eglise et anéantissent tous ses droits ? Votre devoir était de combattre ces erreurs et de suivre l’exemple de vos collègues ».

Puis, le 10 mars 1791, Pie VI lance contre la constitution civile son fameux bref Quod aliquantum (P). Dans cet énorme document, dont le texte latin ne comprend pas moins de 94 pa-