La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

X PRÉFACE.

citer tous en entier, si cela n’eût pas été absolument impraticable, je me suis efforcé de résumer au moins toutes les idées, toutes les propositions essentielles. — Je ne tiens pas pour certain tout ce qui a été dit dans un discours, même quand il n'a pas été contredit; je tiens uniquement pour certain que cela à été dit publiquement, en telle occasion, tel milieu, sans Contestation ou avec telle contestation. Et dans les inférences que j'en tire, je tâche de ne pas aller au delà des certitudes de fait, réduites, comme je viens de le dire.

J'ai observé autant que possible l’ordre chronologique, sans lequel il manque toujours quelque chose à la vérité d’une narration. L’observer toujours est par malheur impossible puisqu'on ne peut écrire que l’un après l’autre deux faits concomitants. La plus grande partie de mon livre est faite de séances qui se suivent, jour à jour; je ne laisse de côté que celles qui ne donnent absolument rien à mon sujet.

En revanche je livre crûment toutes mes impressions, mes opinions, sans m'astreindre au préjugé du style noble que je ne partage pas. Le lecteur, ayant toujours vu auprès de mes réflexions ce qui les a suscitées, pourra juger mon jugement et il sera averti de ma sensibilité: il distinguera nettement ce qui dans mon travail est objectif et ce qui appartient à ma subjectivité propre.

C’est ainsi que j'entends l’impartialité dont on parle tant, sans savoir ce qu'elle peut être. Telle qu'on la comprend très souvent, elle me paraît impossible à pratiquer, et peu souhaïtable en outre. Un historien qui s’abstiendrait absolument de juger, qui pourrait tout raconter sans s’émouvoir, ne serait plus ‘un historien; mais une machine, un appareil enregistreur. Et remarquez encore quil lui faudrait alors tout enregistrer, tout, sans aucune élimination, car éliminer, c'est choisir, et choisir c’est nécessairement juger.