La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

2 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

la Municipalité qu’on appelait le Corps de ville, à savoir le maire, le procureur syndic, ses deux substituts, les seize administrateurs (dits les bureaux) et les trente-deux conseillers”. Pourquoi les délégués de la révolution maintinrent-ils cette partie de la Municipalité? Parce que le maire Pétion était populaire, que le procureur-syndic Manuel, et l’un de ses substituts, Danton, étaient en plein dans le mouvement; quant aux bureaux et aux conseillers, on les maintint parce qu’ils étaient nécessaires. On ne pouvait pas se passer de leur expérience, surtout pour assurer la subsistance de Paris, tâche alors beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui; tâche qui devait être accomplie avec un entier succès dans ce temps de révolution, sous peine d’émeutes redoutables.

Le lendemain, vers 10 heures, la révolution étant achevée, les Tuileries au pouvoir des insurgés, la déchéance du Roi proclamée, Paris nomma encore d’autres délégués. Alors seulement entrèrent dans le Conseil général quelques hommes connus, en tête desquels Robespierre.

Tous ces délégués — et surtout les premiers — furent-ils nommés bien régulièrement? Avec quelle procédure? Par combien d'électeurs? On ne l’a jamais su, ni en ce temps-là, ni plus tard?.

Sitôt installé, le conseil général se donna une sorte de pouvoir exécutif en créant un comité de surveillance (parfois on l'appelle comité d'exécution) dont le personnel fut singulièrement variable ; nous aurons assez à parler de ce comité.

Est-il possible de découvrir le caractère d’une assemblée de 288 personnes, au moyen des résolutions que cette assem-

1. En sus des magistrats ci-dessus, la municipalilé se composait de notables au nombre de 96. Maire, syndic, administrateurs, conseillers, notables, le tout réuni constituait ce qu’on appelait le conseil général de la commune.

2. Une irrégularité est certaine : la loi de la Constituante, en vigueur, accordait à Paris la nominalion de trois notables par chacune des 48 sections; Paris s'accorda révolutionnairement six notables par section, au lieu de trois. Nous verrons comment, en novembre 92, Piorry, rapporteur du décret qui abolit la Commune, s'explique sur les élections du 10 août et jours suivants.