La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

VIII PRÉFACE.

le dernier effort d’un historien qui connaît toute l'étendue de sa tâche. La vérité ultime de l’histoire consiste dans la découverte des mobiles véritables de chacun des acteurs qui concoururent à faire tel drame ou telle comédie historique ; et c’est là une découverte qui présente plus de difficulté qu’il ne semble peut-être à beaucoup d’esprits, par ce phénomène très fréquent qu'une action, la même extérieurement, peut, dans les agents concourants, procéder de motifs très divers, parfois même opposés.

L'acte considéré seul, isolément, est donc un renseignement ambigu. Il ne dit pas d’une manière indubitable le mobile de l’agent. L'acte est dans une certaine mesure comme un muet qui gesticule.

Pour de larges périodes de l’histoire, les hommes qui la firent ne nous ont légué que des actes, point ou presque point de paroles venant d'eux. Heureusement, dans ces époques, les hommes sont simples et il est souvent facile de les deviner. Quand une troupe de Francs part pour une expédition en Auvergne ou en Languedoc, nous sommes suffisamment certains des motifs qui les poussent.

Pour les périodes comme la Révolution, où l'on a parlé avec surabondance, il faut profiter de la ressource précieuse qui nous est offerte. Or il me semble qu’on n’a pas tiré de cette ressource tout le parti qu'il s’en pouvait tirer. On a raconté souvent les actes dans un détail inutile (utile seulement pour l'effet pittoresque), tandis qu'on avait à côté des discours pleins de renseignements psychologiques que l’on n’a pas cherché à dégager.

Disons-le nettement. Dans la Révolution, ce qui m'a tenté c'est précisément l’abondance des discours. Il m'a paru que ce serait un bon terrain pour montrer, un peu de bonheur aidant, ce que les paroles scrutées, commentées, rapprochées, pou-