La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 91

de Solilhac enfin, il fut grièvement blessé d’un coup de baïonnette à la jambe droite «en repoussant avec deux cents hommes de cavalerie les hussards qui avaient rompu linfanterie vendéenne (1) ». Il fut enfin fait prisonnier à la terrible bataille du Mans et eut la chance d'échapper, « par miracle », dit-il, au massacre qui s’ensuivit : « Au Mans j'ai été pris, condamné à la fusillade, et, sur cinq cents prisonniers, j'échappai second au sort que subirent mes compagnons d’infortune (2). » Une note de son dossier ajoute : « Voir les Mémoires de M"° de la Rochejaquelein. » C’est la confirmation du récit que rapporte la marquise :

« On m’a raconté, dit-elle, mais je ne le donne pas pour certain, la manière dont s’enfuit M. de Solilhac, ce chasseur de la Légion du Nord qui était venu nous rejoindre à Amailloux... On prétend que les Bleus, fatigués de tuer, l’enfermèrent, lui quatorzième, dans un corps de garde, pour être fusillé le lendemain ; ‘il décida ses camarades à se sauver ou à mourir bravement en se jetant sur leurs gardiens ; sept périrent et sept s’échappèrent (3).» Le fait répond bien au caractère de l’homme et prouve son esprit de décision et de bravoure. M. Chassin ajoute, mais sans donner la source de ce renseignement, que Solilhac, aussi rusé que brave, une fois échappé à ses bourreaux, endossa l’uniforme d’un volontaire patriote (4), gagna la frontière du Nord et parvint à joindre les Pays-Bas, Par quelles aventures il arriva sans encombre à Mons, après avoir traversé la France de l’ouest au nord? C’est là une de ces tentatives audacieuses, presque folles, mais quotidiennes, où les Tinténiac, les de la Robrie, les Prigent, les Cadoudal, les Mercier La Vendée et tant d'autres, ont mis dans ces luttes civiles ce romanesque qui en fait une véritable épopée.

De la frontière, sans s'arrêter, il courut à Mons, près du prince de Cobourg, qui le connaissait sans doute et qui l’expé-

(1) lbidem et Note sur ses blessures et actions d'éclat. Archives administratives de la Guerre.

(2) Pétition du 3 juin 1816, Archives administralives de la Guerre.

(3) Mémoires, p. 356.

(4) Chassin, Pacifications, t. 1, p. 12. Table générale, p. 566.