La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac

86 LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE

sur son lit. Il les interrogea; c’étaient deux beaux jeunes gens ; l’un, nommé Cadet, raconta d’un air fort gai qu’il servait depuis longtemps dans la Légion du Nord, mais qu’il était aristocrate et qu’il voulait se battre pour le Roi; l’autre avait l’air timide et embarrassé ; il dit qu’il était émigré, mais point qu'il était noble, et prétendit avoir été bas officier du régiment de la Châtre, Son air le fit soupconner, M. de Lescure recommanda de le faire surveiller ; on sut dans la suite qu’il avait caché son vrai nom : c'était le brave chevalier de Solilhac; il a été depuis, je crois, général d’un parti de Chouans (1). » Plus loin, elle parle encore de « M. de Solilhac, ce chasseur de la Légion du Nord qui était venu nous rejoindre à Amailloux » (2), et enfin, une troisième fois, elle dit : « Cadet, ce brave déserteur, qui nous avait joints à Amailloux avec M. de Solilhac. »

Comment ce « beau jeune homme », à « l'air timide et embarrassé », qui était noble, — il était gentilhomme d'Auvergne qui avait émigré — comme il le raconta lui mème à Lescure == se présenta aux Vendéens sous l’uniforme de chasseur de la Légion du Nord, aux ordres de Westermann, c’est une aventure peu banale et qui dut piquer vivement la curiosité.

Tout était vrai dans le récit qu’il avait fait à M. de Lescure : M. de Solilhac était noble et avait émigré, et, même sous l’uniforme de chasseur républicain, il paraît bien qu'il était encore au service du Roïi(3).

Georges-Marcellin Chabron, chevalier de Solilhac, était né à Saint-Paulien, en Velay, le 12 octobre 1769 : c'était done, en

(1) Mémoires, éd. orig., p. 191-192.

(2) P. 396.

(3) Sur Solilhac, en dehors des pièces originales et inédites que je signalerai à mesure que j'aurai l'occasion de m'en servir, on peut consulter sure tout :

Savary, t. IV, p. 994, 345, 376.

Beauchamp, t. I, p. 93, 94, 168, 452, 456, 461,

Crétineau-Joly-Drochon : t. II, p. 340, 341 ; t. III, p. 23, 245, 254, 279, 287, 298, 312, 314; t. V, p. 67, 4388.

Mie de Larochejacquelein, p, 491, 192, 356, 362,

Chassin, Pacifications, t. I, p. 307 — et Table générale, p. 566, 687.