La Presse libre selon les principes de 1789
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C'était, en dépit des déclarations officielles, maintenir la censure, confirmer contre le droit nouveau le privilége séculaire, anéantir le Patriote de Brissot, le Moniteur de Condorcet et nombre d’autres feuilles qui avaient déjà lancé leurs’prospectus, ouvert leurs souscriptions, préparé leur mise en vente.
Un second arrêt, daté du ‘7 mai, supprime particulièrement le numéro et.le prospectus parus du journal les États généraux, interdit d'en imprimer et publier la suite.
Mirabeau méritait les honneurs d’une suppression spéciale; car en lui le publiciste, n'écrivant que selon les inspirations de sa conscience, se doublait du député, pourvu d’un mandat précis et parlant au nom du peuple.
Les deux arrêts du Conseil produisent naturellement l'impression la plus vive. Les représentants du pays, réunis à Versailles, s’irritent de ce que le pouvoir ose trancher une question que leurs commettants et même les ministres du roi les ont chargés d’examiner et qu'ils entendent résoudre dans un sens tout contraire. Les plus humbles citoyens comprennent que leurs intérêts les plus immédiats, les plus personnels, pour ainsi dire, et les intérêts cénéraux de la Révolution s’agitent dans le duel en_ gagé entre la liberté et le privilége, la censure et Ja
presse.