La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

64 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

pas avance, dans le projet adverse, une aristocratie de représentants en qui tous les pouvoirs seraient réunis. En vain tentent-ils d’apaiser la haine et la crainte si vives de l'aristocratie par l'ébauche d’une organisation au reste assez vague. Nulle distinction d'ordre : tel est le principe par lequel ils pensent rassurer les esprits. ‘ Cette réserve est formelle. On la trouve dans le rapport de Cicé (1). Quoique chacune des deux Chambres doive défendre un principe différent (2), le Sénat gouvernent plus par l'or, l'argent et la faveur qu'avec les talents.

«L'on nous parle du Sénat américain; là, il peut y être nécessaire puisqu'il n’y a pas d'influence royale.

«Ce ne sont, au surplus, que des sénateurs à rubans et à médailles. »

(1) « Ils ajoutent néanmoins, qu’en partageant le Corps législatif en deux Chambres, ce doit être sans égard aux distinctions d'ordre, qui pourroient ramener les dangers d'autant plus redoutables de l'aristocratie, qu'ils auroient le sceau de la légalité, mais en faisant ressortir leur différence de l'influence que l'on attribueroit à chacune d’elle, et de la nature même de leur constitution. »

Cicé. Rapport sur les premiers travaux. (2) (a) « D’autres proposent... de diviser les représentans de la nation en deux Chambres qui ne présenteroient aucune différence ni dans l'élection de leurs membres, ni dans la durée de leurs fonctions, »

Mais ce ne serait qu'une « séparation en deux bureaux » qui comporterait les inconvénients de l’unité :

« Si l’on veut ralentir les délibérations, et donner une sorte