La Révolution française (1789-1815)

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politique, une individualité supérieure, un véritable homme d'État.

XVII

Cependant, comme la grande majorité des provinces, en France, était demeurée rétrograde, attachée d'habitudes et d’instinct à l'ancien régime, comme elle avait en quelque sorte la nostalgie de la royauté, cette faiblesse de la Convention devenait de plus en plus menacçante pour la République.

L'Assemblée ouvrit enfin les yeux, vit tout le danger qu'une pareille situation faisait arriver jusqu'à elle, et décida que dans les conseils des Anciens et des CinqGents (Sénat et Corps législatif) qui étaient appelés, aux termes de la nouvelle Constitution (celle de l'an IT), à la remplacer elle-même, Les deux tiers des membres élus seraient pris dans son sein (A).

Cette mesure était tout ce qu'il y a de plus contraire aux principes démocratiques, puisque les mandataires du peuple y limitaient eux-mêmes sa souveraineté en matière d'élection. Cependant elle sauva la situation.

Aussi, par tactique, les meneurs de la réaction, les coryphées du royalisme, les La Harpe, les Cérisy, les Marchena et tant d'autres crièrent-ils bien haut dans leurs clubs et dans leurs feuilles en faveur du principe de la souveraineté populaire, méconnu il est Vrai, mais si heureusement violé par l'Assemblée nationale.

C’est, du reste, ce décret tutélaire qui amena l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IT, si vigoureusement et si heureusement réprimée.

1. Décrets des 5 et 13 fructidor an III (22 et 30 août 1795).