La Révolution française (1789-1815)

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exemple, la fête de Marius, dont la tradition a. conservé le souvenir, comme le prouve le prénom si fréquent de Marius dans ces contrées. La France, l'Italie et l'Espagne pourront concourir à une telle célébration, et la France inaugurera ainsi Ce que nous pouvons appeler le culte des grands hommes, C'est-à-dire la glorification du passé, qui sert à rendre plus précise la conception de l'avenir.

La France, après avoir subi l'incorporation romaine et avoir été ainsi initiée à la civilisation, se constitua comme un groupe distinct dans la décomposition nécessaire de l'empire romain. À celui-ci succède, en effet, le système plus complexe et supérieur de la chrétienté et de la république occidentale. La France en devint l'élément capital et prépondérant, et Corneille avait pu faire dire dans Attila :

« Un grand destin commence, un grand destin s'achève, « L’empire est près de choir et la France s'élève. »

Sous le régime catholico-féodal s'accomplit la plus grande révolution peut-être de l'Humanité : la libération des classes laborieuses. Gelle-ci donna la base d’une civilisation bien autrement forte, bien autrement stable que toutes celles qu'on avait vues jusqu'alors. Le régime du moyen âge servit de point de départ à une évolution nouvelle. A partir du quatorzième siècle, la royauté commença l’œuvre qui devait subsfituer à la dispersion féodale la grande unité française. La royauté tendit de plus en plus à faire une France une, qui fût suffisamment forte et indépendante, au centre des autres grandes nations de l'Occident. Cette opération fut instituée et dirigée par nos grands politiques, depuis Philippe le Bel jusqu'à Louis XIV, au moins dans la première partie de la vie de celui-ci, en passant par Louis XI, Henri IV et Richelieu. Mais à partir de la fin du dix-septième siècle, la royauté devenait évidemment incapable de continuer sa grande fonction. A l’intérieur, elle ne pouvait pas arriver à accomplir enfin cette homogénéité territoriale et sociale qui avait été sa fonction propre ; et son impuissance éclatait au moment même où le progrès des lumières et de l’aisance rendait plus nécessaire cette homogénéité. À l'extérieur, sa politique coupable était aussi lâche qu'inepte, et la guerre de la Prusse en Hollande, en 4787, était le dernier soufflet que recevait enfin cette royauté dégradée. Une révolution était donc nécessaire pour

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