La Révolution française (1789-1815)

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férence politique envers saint Janvier, que le miracle s'accomplit. Il désarma ainsi l'insurrection redoutable des lazzaroni et évita une grande effusion de sang.

Rappelé par le Directoire et mis en jugement à cause de son insurrection par trop vive contre le pouvoir civil, que celui-ci avait si déplorablement tolérée dans Bonaparte, il rentra en France. Mis bientôt à la tête de l'armée d'Italie après la défaite de Novi et la mort de Joubert, il perdit la bataille de Fossano, qu'il avait livrée malgré lui.

Après le coup d'Etat du 18 brumaire, il fut chargé de la défense du Var. Il avait ainsi pour fonction de défendre notre frontière du sud. Pendant ce temps, Moreau, avec l’armée principale, marchait par le Danube, et Bonaparte attaquait par le centre et le mont Saint-Bernard. Le plan de Bonaparte avait été aussi bien conçu qu'il fut bien exécuté. Mais, par la difficulté même des circonstances, l’armée du Var se trouvait sacrifiée. Sous le poids d’une situation qu’il ne pouvait suffisamment surmonter, Championnet, au fond désespéré, vint mourir à Antibes, à l'hôtel des Aigles-d'Or. Championnet mourut heureux des nobles choses qu'il avait faites, et profondément attristé de celles qu'il ne pouvait plus faire, et dont il se sentait néanmoins si capable.

Une telle destinée fut triste, triste, comme cela a toujours lieu quand il y a disproportion entre les résultats obtenus et la capacité de celui qui, les ayant produits, pouvait en obtenir néanmoins de plus grands ; triste pour la société qui voit disparaître ainsi ces hommes rares, qui sont non seulement la gloire, mais aussi la principale richesse des sociétés humaines. On éprouve à la mort de Championnet mourant Jeune le même sentiment qu'à celle de Vauvenargues, de Bichat ou de Hoche. C’est à celui-ci surtout qu'on peut le comparer, et je ne puis mieux préciser ma pensée que par une citation caractéristique empruntée au travail de M. Marcel Norris: 0

«C'est dans cette même année 1797 que Hoche mourut au miliéu.du désespoir que l’on connaît! Les soldats offrirent leur:solde pour élever un monument au héros, son épée fut solennellement remise à Championnet, reconnu le plus digne . de la:poñïtér, et c'est sur cette illustre tombe que notre Valentinois prononça un discours militaire comme la Révolu-