La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

[ 118 ]

vitablement fuccomber. Déjà les jeunes Genevois qui reviennent de France, invitent hautement leurs compatriotes à laiffer éclater librement l'horreur qu’infpirent par-tout Robefpierre & fes imitateurs ; ils en ont même donné l’exemple en chantant dans un Concert public, en prélence des principaux agens du 19 Juillet, la Chanfon, célèbre en France fous le nom de Réveil du Peuple. Les Terroriftes Genevois en ont pâli: d’abord ils fe font vus forcés à la baffe hypocrifie d’y applaudir ; puis ils ont effayé d’ameuter leurs fatellites en menaçant de faire affommer Îles chanteurs : mais comme, cette fois, la victoire aurait été douteufe, ils fe font vus réduits à avoir recours à une nouvelle efpèce d’arme bien autrement dangereufe, pour eux, que le glaive révolutionnaire. Ils viennent d'entamer une guerre de plume pour

tenter l'apologie de leur dernière révolution ; entreprife d'autant plus hardie, qu’ils n’ont point, comme les Français, l'extrême commodité de pouvoir reverfer leurs crimes fur des complices qui. n’exiftent plus. Tous les Terroriftes Genevois font vivans; & ce font eux-mêmes quiofent écrire l’hiftoire de leur fanglante révolution. J'ignore s’il eft vrai, comme on le dir, que dans leurs conciliabules fecrets ils fe la rejettent les uns fur les autres ; mais devant le public, c’eft Soulavie qu'ils en accufent, fans doute parce qu'il eft dans les fers: ils remontent même à Briflot, qui eft dans la nuit du tombeaug & ils ont été jufqu’à s’en prendre à la faétion Françaife de /& Montagne, fattion anéantie, mais dont ils avaient fait un f brillant éloge dans le Rapport de