La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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gré où de force, pour y prendre vingt mille bons Jaufils, dont la France avait befoin. (1)

Mais les braves Helvétiens avaient eu le temps de fe jeter dans nos murs avant que l’armée Françaife eut achevé de les environner. Ceux de nos Députés qui allèrent demander, le s Oétobre, à fon Général la raïfon de cet appareil menaçant, reçurent pour ré-

(1) Cette lettre du Miniftre de la Guerre, en date du 3 Octobre 1792, fe terminait par ces mots: Si on vous repréfente que ces armes font néceffaires pour la défenfe de la ville, vous les raffarerez en leur laifant 4 à Soco hommes armés, fuivant votre prudence, Vous Jerer ainfi de Genève le boulevard de la France.

Dans une lettre précédente, en date du 29 Septembre, ce même Miniftre, en ordonnant au Genéral Montefquiou de faire marcher contre cette ville les forces fufifantes, lui avait cependant annoncé un but tout différent. C'était, difait-il, afin d’y affurer un Libre pouvoir aux amis de la liberté, qui Jont en grand nombre, & d'y établir un gouvernement felon leurs vœux.

Le Confeil Exécutif avait encore annoncé un but abfoloment différent à la Convention le 3 Oëtobre. Le rapport que lui firent les Miniftres, portait entr'autres, Que le Confeil Exécutif, confdérant que la réfolution d'appeler des troupes de l'Etat de Berne, dont la malwueillance ef? décidée à notre égard, ne pouvant être regardée que comme une injure faite à la France, 5 comme effet d’un concert [ubfiffant entre la Magifrature de Genève & les Puiffances coalifées, a ordonné ax Général Montefquiou de faire marcher contre la ville de Genève un corps d2 troupes fufifant pour s'oppofer à l’introduéfion de troupes étrangères fur fon territoire, © pour les en expulfèr ff elles étaient déjà entrées. Ce rapport, le premier de tous, fe terminait en annonçant, ©z'o7 exigerait la punition des Magiffrats pervers € traîtres à leur patrie, qui, par leurs manœuvres, avaïent provoqué la réquifition faite aux

Etats de Berne 9 de Zurich.