La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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été réfervées au Corps des citoyens. Relté à pro noncer s’il n’eût pas été tout auffi abfurde de propofer un Roïtélet à cette bourgade, qu’il pourrait l'être de foumettre à des Æfemblées Primaires la fanétion des loix Britanniques. Ainfi, quoique la Conftitution de Genève fût Démocratique, dans le même fens que celle de. l’Angleterre eft Monarchique; toutes deux établiffaient la liberté politique fur les mêmes bafes ; parce qu’en dernière analyfe, chacune d'elles fe dirigeait le Gouvernement fuivant le vœu de la partie éclairée de la nation; parce que toutes deux étaient tempérées, & parcé-que chacune d’elles avait pré_cifément ‘adopté les mêmes tempéramens. Leur reffemiblance dans les détails était même plus parfaite qu'on ne le croirait, d’après les principes géné+ faux d’analogie que je viens d’expofer. Genève avait un Souverain qui était la fource de tous les honneurs, qui nommiait à tous les emplois, & qui n’avait cependant d'autre droit fur les loix que celui de les fanc-tionner. Des deux Chambres qui préparaient nos . Bills, V'une, la plus nombreufe, était élue pour fept ans ; l’autre l'était à vie. Si donc nos loix ne pouvaient être que le réfultat d’une lutte de trois pouvoirs, & d’un concert de trois volontés, chacune de ces deux Conftitutions pouvait également prendre . pour fa devife, Ponderibus librata Juis; & Genève, non moins que la Grande - Bretagne, préfentait, quoiqu’infiniment petit, Trois pouvoirs étonnês du nœud qui les raffemble. La Convention Genevoife, qui travailla en quelque manière fous la diétée de celle de France, crut,