La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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3°. La Conftitution fondamentale de Génève, en confiant au peuple l’éleétion de tous les Officiers publics, l'avait fagement aftreint à ne choifñr fes Magiftrats fupérieurs que dans les Corps inférieurs, qui étaient pour eux une carrière d’inftructions & d’épreuves, pendant le cours prolongé de laquelle on avait tout le temps & tous les moyens de juger ceux qui s’y vouaient. Voici la marche que prefcrivaient nos loix pour les Elections. Le Grand Confeil était la première pépinière, où il s’agiffait d’abord de fe faire introduire; car c'était de ce Corps qu’étaient exclufivement tirés les Magiftrats de police, & tous ceux qui rempliffaient les départemens inférieurs de l’adminiftration, avant de poltuler l’éleétion de Confeillers d'Etat. Finalement, ce n’était que dans le Corps de ces derniers, c’eft-à-dire dans le Petit Confeil, que le peuple pouvait choifir annuellement fes quatre Syndics, Chefs fuprêmes de la République. On conçoit combien une pareille marche des élections modifiait la prérogative du peuple à nommer tous fes officiers ; & combien elle le préfervait de tous jugemens précipités. On conçoit en même temps combien ce paflage à travers tant d'épreuves préparatoires & fucceilives devait tempérer lefprit naturellement ariftocratique des Adminiftrateurs, On conçoitqu'ils avaient tout le temps de fe faireconnaître, comme aufli tous les moyens d'étudier les affaires & les hommes. : On conçoit enfin comment l’ardeur de -Ja jeuneffe était forcée de céder le pas à l'expérience de l’âge; précaution indifpenfable pour les petits Etats, par cela feul que la confervation étant leur