La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
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quoique peut-être l’une des-plus abfürdes qu’on puifle propofer à un grand Empire.(1)
Telles étaient les principäles limites de la Démocratie de Genève. . C’eft à la faveur de ces fages limites, que ce petit Etat, fitué entre tant de voifins puiffans, avait maintenu fon indépendance fi fouvent en péril, qu’il avait confervé jufqu’ici fes loix fondamentales à travers tant d’orages intérieurs auxquels il échappait conftamment; enfin, qu’il's’était fignalé dans les fciences & dans les arts, & qu'il était devenu fous ce rapport l’Athènes de. la Suiffe. Voilà l’ancien & fage régime politique après lequel foupire aujourd’hui
(1) Je m’attends bien que cette opinion fcandalifera ceux des Légiflateurs Français qui parlent d’une Démocratie de 25 millions d'hommes, comme d’une entreprife non moins aïfe que magnifique ; Car, dans le cours vagabond de toutes leurs fpéculations politiques, ils femblent n’avoir pas mème encore foupsonné que les loix.d’un pays doivent être calealées fur fes localit:s, fur les habitudes, quelquefois même fur les préjugés de fes habitans, & toujours fur leur nombre. . Les Girondins ne fe doutent guères qu’il eft telle inftitution propre à maintenir la liberté dans un petit Etat, &' qui l’expoferait dans un grand. Je m’attends à leur voir propofer inceffamment un Code de Loix Jompruaires ; & certes, cette feconde imitation des Loïx de Genève ferait bien moins ab. furde que la première; car f les Françaïs perfftent :à ne vouloir admettre chez eux aucune autre efpèce d’Ariftocratie que celle des riches, rien de plus indifpenfable que de protéger efficacement ces derniers, en leur interdifant f:vèrement toute efpèce de luxe qui ne manquerait point dé bleffer le peuple, de lui paraître infüultant, & de le conduire au d‘chaïnement dé toutes les pañions mheréntes à Ja Démocratie; favoir, la jaloufe,’ l'envie; Pämbur de l'é galité extrème, & l’efroi de toutes diftinétions.