La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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Citoyens, ils l’accusèrent hautement de n'être qu'un corps héréditaire & ariftocratique. Ce confeil l'était fi peu néanmoins, qu'il renfermait près des deux tiers des Genevois chefs de famille, & que pour lui attacher & lui affocier graduellement les autres, nos dernières loix populaires avaient fucceffivement réduit les conditions de leur admiffion perpétuelle à une fimple rétribution pécuniaire, une fois payée, mais tellement modique, (1) qu’elle était loin de préfenter, quant à l'indépendance de leurs fortunes, le gage durable qu'il eft fi effentiel d'exiger d’un éleéteur, & à plus forte raifon des membres d’un Confeil légif=

latif. Cette claffe de citoyens non-actifs, qu'on appelait

chez nous IVatifs, venair de déployer, en général, un grand dévouement pour la défenfe de la République. Si l’on en excepte une cinquantaine d'individus, tant citoyens que natifs, qui avaient, à l'approche du fiége, lâchement déferté nos murs menacés, en alléguant qu’il n’était pas permis à des amis de la liberté, de combattre, ni même de fe défendre contre les Français; Genève, à l’époque de ces préparatifs hoftiles, n’avait préfenté qu'un cœur, qu’une ame, une famille. Peut-être même, cette époque du plus grand danger qu’elle ait jamais couru, préfente-t-elle la plus grande, comme la dernière

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(1) En faveur des petits-fils d'étrangers nés à Genève, cette rétribution avait été graduellement réduite à environ fix louis, applicables aux hôpitaux, aux arfenaux, ainfi qu'aux autres établiffemens publics qu’avaient fondés les anciens Genevois, & dont les æouveaux venaient partager les avantages.

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