La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

Legs À

portance qu’elle mettait à cette efpèce de conquête, Au refte, comme :l n’y eut point de réfiftance, il] ne put point y avoir de choc proprement dit; & c’eft. ainfi que, peu de femaines après l’arrivée de l’armée Françaife à nos portes, le peuple, qu’elle avait réuffi à divifer en deux, fe réunit cependant pour déjouer fes efpérances fecrettes, & pour lui ôter tout prétexte de le fecourir afin de le foumettre.(1) Mais c’eft ainfi que la nouvelle République Françaife, qui avais fouillé fes premières armes en les tournant contre la faible-Genève, & qui ne renonça, en apparence, (2) à cette lutte, que pour y fuppléer par la négociation, déshonora encore fes premiers pas dans la carrière diplomatique, d’abord en ordonnant expreffément à fon plénipotentiaire d’y employer foufe Ja dextérité; puis,

(1) Pour lui ôter d’autant mieux ce prétexte, les auteurs de notre révolution la couronnèrent, en plantant fur le fol de l’ancienne liberté Genevoïfe, Parbreftérile qui porte ce nom. D'ailleurs cet étendard étranger devoit perfuader à notre populace, que certe liberté était une conquête toute nouvelle. Et en effet, elle s’attacha doublement à cet arbre d’alliance, en l’envifageant comme ün talifman qui nous mettait pour toujours à l’abri d’une invafñon des Français. Elle y grava même ces mots :

Cet Arbre, mieux que nous, protège nos remparts.

(2) Tandis que le Réfident Français fe rendait en parade auprès du gouvernement ufurpateur, pour lui annoncer qu’il s'était empreffé de rendre compte à fes conftituans d’une Z glorieufe Révolu tions tandis qu’il l’amufait par fes proteftations d’etiime & d’admiration, le nouveau Général Français Ke//erman, d’accord avec lui, faifait avancer fecrètement contre Genève un corps de troupes confidérable, dans l’efpoir de faifr pour les y introduire l’occañon, qui venait de lui échapper, & qui ne fe préfenta plus,