La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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bres & vagues d’un projet contre-révolutionnaire, qui devait, lui difait-il, faire de Genève wne petite Vendée, déclara fans déguifement, qu’il y avait bien d’autres moyens de foulager le Peuple que de l'exempter de tous impôts; que, depuis trop long-temps, les riches dévoraient fa fubfiftance, où du moins infultaient à fa misère par leurs jouiffances, & même par leurs aumônes: qu’enfin la deftruétion de l'ariftocratie des loix ne ferait qu’un jeu d’enfans, fi l’on n’extirpait pas en même temps celle des richefles, & celle des MŒUrSs Puis, tout en annonçant que les nouveaux impôts rifquaient d’être rejetés par l’influence de l’ariftocratie ; de peur que leur accéptation ne déconcertât fon complot, il choïilt, pour l’exécuter, la nuit du 18 au 19 Juillet 1794) la veille même du jour où ils devaient être portés à l’ Affemblée du peuple, & où il ne favait que trop qu ‘ils auraient été fanétionnés par elle.

Tout étant organifé pour l'infurreétion, les rôles indiqués, & les victimes défignées ; ce ne fut qu’ au milieu de la nuit que les Conjurés coururent aux armes, $ ’emparèrent des canons, & allèrent, avec de faufles clefs(r), défarmer, pendant le fommeil, les citoyens

(1) Je fais que les Révolutionnaires Genevois fe font récriés avec force contre cette accufation de faufes clefs, & j ‘ignore en effet dans combien d’accañons ils en firent ufage > mais on m'a affirmé que Vun de leurs principaux chefs, ferrurier de profeffion, & fi je ne metrompe, l’un des Membres du premier Tribunal, fe fervit de fauffes clefs pour s’introduire à l’improvifte chez Mr. Déodari, qu; n’eut'que le témps de fortir de fon lit & d’échapper à {es bourreaux.