La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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des Syndiés une lettre très-preffante, pour lui annoncér que la Suiffe entière voyait, avec la plus grande horreur, les exécutions € les feèhes J'anglantes qui fe: Préparaient à Genève. Il y conjurait les révolutionnaires de rentrer en eux-mêmes, € de réfléchir qu'il en était tems encore.

Le Syndic fe garda bien de donner au peuple communication de cette lettre. Il répondit au Baillif qu'elle aurait été décidément dangereufe, puifque Le vœu de la majorité en faveur des trois prévenus avait été abfolument infruffieux. Puis continuant encore à jouer le rôle de défapprobateur: Wous devez comprendre, ajouta-t-il, combien notre poñtion of difficile, & votre cœur ef fait pour apprécier la nature des fentimens aux= quels le Gouvernement Conffitutionnel eff en proie.

L'aftüce de cette réponfe n’empêcha point les Suüifles de juger que ce prétendu Gouvernement Conftitutionnel était, finon le moteur fecret, du moins le vrai complice des atrocités qu'il paraiffait bla: mer (1); &ils fe font empreflés de rompre toute efpèce dé communication avec lui. Mais en in-

(1) Que penferont ces Cantons lorfqu’ils apprendront que Gz£, lun de ces mêmes Syndics, qui comme chefs de là République venaient de leur écrire, que la Révolution de 1792 était accomplie, & de leur garantir, qu’il n’y en aurait plus, n’a pas rougi de fe faire dans l'étranger un mérite d’avoir prévu la Révolution qui . fuivit, & qu’il a écrit à Londres, “ Qu’il aurait fallu être aveugle ‘ pour ne pas voir qu’elle était indifpenfable?” Il a du moins dépofé avec candeur dans cette même lettre, lé mot de cette affreufe énigme révolutionnaire ; car, en avouant que le peuple avait acquis tout ce qu'il pouvait défirer en liberté publique & indi-

viduelle,