La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

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pu tout-à-coup réfigner à l'influence Françaife fes antiques loix, (qui avaient juiques-là furvécu à tant de pafions 8 à tant de chocs) toutes fes affections, toute fa moralité, & cet efprit public qui avait fait confdéter fa patrie comme un féminaire de talens & de vertus ?....Sans doute, l’un des premiers devoirs-de l’hiftorien des Révolurions de Genève, fera, en écrivant celle-ci, de chercher à tracer la fource & les progrès de cette inconcevable dégénération : mais vü les bornes que m’impofe ici la rapidité de cette lettre, je me bornerai à imputer fur-tout cette dégénération à l’inftitution la plus déforganifatrice de la révolution Françaife; celle qui attacha finalement la refponfabilité où n’était plus le pouvoir, en faifant tomber peu à peu le pouvoir là où n'était pas la refponfabilité. Jem’explique; car ce développement pourra ne point être inutile aux Américains, fi jamais ils font appelés à difcuter ou à réfoudre la grande queftion de la convenance ou des dangers des fociétés populaires affiliées.

Cicéron attribuait la longue exiftence de la République Romaine, à l’inftitution même des Tribuns, qui femblèrent fi fouvent la mettre en danger, mais.qui, appelés à furveiller les ufurpations du Sénat, ne l'étaient pas moins à arrêter le parti populaire dans fes écarts, dont leur magiftrature même les rendait refponfables, parce qu’elle les créait fes Chefs. H n'y a pas une des nombreufes révolutions de Genève qui n’atrefte la vérité de cette obfervation. En effet, fi au milieu .des victoires alternatives des partis qui l'agitèrent, les Propriétés & les perfonnes