La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795

[ 66 ] mandaient le caufe d'une méfintelligence qui étair, di. faient-ils, #r0p préjudiciable à la nation pour n'être pas connue.

Mécontens de leur nouvelle révolution, parce qu’ellé n’avoit pas aflocié Genève à la France, ils n’ofaient point encore la blâmer expreffément fous ce rapport ; mais ils annonçaient qu’elle n'avait point fuffifamment fatisfait la vengeance nationale : ils pro: pofaient que le Tribunal Révolutionnaire reprit fes terribles fonétions pour faire encore juftice de 5 à 600 citoyens épargnés & fufpeéts; enfin, ils en vinrent par degrés jufqu’à défigner parmi ces nou velles viétimes ceux des révolutionnaires qui paraiffaient les plus attachés à l'indépendance, & entr’autres ceux que Sowlavie leur dénonçait comme fes ennemis, v'eft-à-dire plufeurs membres du Gouvernement Con: fütutionnel, qu'il appelait Temporifeurs, Modérantifies. Le parti Montagnard avait d’ailleurs des griefs particuliers Contre ces derniers ; car cette mafñe indifciplinable s'était fouvent & férieufement trouvée aux prifes avec eux, toutes les fois que, dansfon impatience, elle avait voulu accélérer la feconde révolution avant que l’arrivée de Boufquet eut annoncé à fes aflociés intiqes que le moment de la commencer était venu.

À ces menaces qui lui devenaient perfonnelles, le Gouvernement, quoique fufpendu, fe réveilla, & retrouvant bientôt toute l'énergie & toute l'autorité dont il s'était prétendu privé le r8 Juillet, il convoqua immédiatement les autres clubs révoiutionnaires, où l’un de fes défenfeurs produifit une impreflion profonde, par un difcours qui renferme des