La Serbie

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Le prosélytisme en Hongrie

La démocratie spécifique magyare, dont souvent nous traitons ici les manifestations curieuses, vient de s'enrichir d’un nouveau document qui ouvrira les yeux de tous ceux qui, aujourd’hui encore, ajoutent foi à la sincérité des Magyars. Un prosélytisme des plus ordinaires sévit en ce moment dans certaines parties de la Hongrie sans provoquer aucune réprobation de la part des démocrates magyars attitrés.

On sait que les Magyars, dans leur zèle de créer un Etat «national » et absolument magyar, usent de tous les moyens pour magyariser les dix millions d'hommes de race non-magyars. La magyarisation forcée des écoles, les tracasseries administratives; les répressions judiciaires, les falsifications de la statistique et la colonisation forcée ne suffisent pas à assurer un résultat favorable à la magyarisation. Les gouvernants magyars font appel, dans leur besogne, à l'Eglise pour accélérer la dénationalisation des races non-magyares. Ainsi, en 1912, on créa l’épiscopat gréco-catholique magyar à Hajdudorog, en Transylvanie, bien que le nombre des vrais Magyars de cette religion soit très peu élevé. Le véritable but de la création du nouvel épiscopat était manifeste. Il s'agissait de conquérir les églises appartenant aux épiscopats roumains, afin de pouvoir y établir sans aucune entrave des prêtres magyars et par conséquent faire prêcher aux peuples de langue étrangère le Verbe de Dieu en magyar. Tenant compte des dispositions très religieuses des Roumains et des Ruthènes, les Magyars croient que ces peuples acquiesceront volontiers au changement dès qu’il s’agit de la Sainte Eglise. Pourtant l'affaire ne fut pas aussi facile que les Magyars le croyaient. Le Saint-Siège, naturellement, accepta la demande magyare, mais les peuples non-magyars s’en irritèrent, On se souvient que même un attentat a été commis contre le nouvel épistopat, mais avec l’assistance des gendarmes, les Magyars parvinrent quand même à briser la résistance des ouailles. La pénétration de cet épiscopat a été naturellement secondée par le fait de la guerre et spécialement après la retraite des armées roumaines de la Transylvanie, Le document que nous reproduisons d’après le « Magyarorszag » (26 août), organe de Karolyi, dit: .

« Après le départ des armées ennemies, lorsque le travail régulier a commencé dans les communes peuplées de frères parlant le valaque (pejoratif de Roumain), des milliers de ces derniers, inspirés de sentiments patriotiques et appartenant à l'Eglise grécoorientale, supplient qu’on les admette dans l'Eglise gréco-catholique. Ils ne veulent plus être soumis à la juridiction des prêtres et des évêques valaques, mais ils tiennent en sujets magyars fidèles à la patrie, à appartenir à l'Eglise gréco-catholique de Hajdudorog. Ces villages valaques n'ont pas de prêtres, car une partie de ceux-ci, devenus infidèles à l'Etat magyar, se sont retirés avec l’ennemi, tandis que la main sévère de la justice magyare s’abattait sur les autres traîtres à la patrie. Ainsi, tous les villages de langue maternelle valaque et de religion gréco-orientale, dont les prêtres

"|

ont trahi, sont restés sans chefs Spirituels. Il est caractéristique en même temps que réjouissant pour nous, que les membres de ces communautés ecclésiastiques, quoique parlant le valaque, n'aient pas demandé leurs nouveaux prêtres aux évêques valaques, mais aux vicaires transylvains de l'évêché magyar gréco-catholique à Hajdudorog. Le passage à l'Eglise magyare grécocatholique de milliers et de milliers de Valaques gréco-orientaux, est Si puissant, que le vicaire et les prêtres ne suffisent plus à toute la besogne. »

Ce précieux témoignage fait preuve de la façon dont les Magyars propagent leur « civilisation ». L’affirmation que les Roumains désireraient abandonner leurs traditions etleurlangue maternelle pour lesquélles pendant tant de siècles ils ont supporté les pires violences, n’a pas besoin d’être démentie. Les Magyars l’ont démentie eux-mêmes quand leur ministre démocratique, le comte Apponyi, a édicté l'ordonnance de fermeture des écoles roumaines en Transylvanie, sous prétexte que « la population s’est comportée d’une façon anti-patriotique et traîtresse lors de l’occupation roumaine. »

Les Magyars profitent de l’état de guerre pour assassiner les prêtres roumains et magyariser ainsi leurs ouailles, car tous ceux qui Connaissent la justice magyare envers les non-Magyars savent ce que dissimulent d'horreur et de cruauté des phrases comme celle-ci: « La main sévère de la justice magyare s’est abattue sur les autres traîtres à la patrie. »

Il est intéressant de relever que ce document honteux a été reproduit précisément par le « Magyarorszag », organe du parti de Karolyi, qui, chaque jour, répète les mêmes légendes sur la démocratie et l’humanité. lle

Les Bulgares et le projet hollando-scandinave

Les Bulgares sont mécontents du projet de comité hollando-scandinave, qui réclame pour les Balkans « statu quo ante ». En effet, les Bulgares auraient préféré que les Balkans soient partagé d’après le fameux projet du traité de San Stéifano, le traité bâtard qui attribuait à la Bulgarie les territoires de ses voisins. Le Comité hollandoscandinave, dans son projet, se montre au contraire plus soucieux des droits, des besoins et des intérêts de tous les Etats balkaniques; c'est pourquoi le journal bulgare « Mir », dans son numéro du 25 octobre, reproche au Comité de n'avoir pas suffisamment tenu compte du caractère ethnique de la population. Et il conclut: «Dans le projet hollando-scandinave sur la Macédoine, il n’y a qu’un point qui soit digne d’attention — c’est la question de Salonique, plus spécialement la question de son port. Parmi les causes de la guerre entre les Alliés de 1913, il y eut aussi la question de Salonique. Si, à ce moment, nous étions arrivés à une entente avec les Grecs, il est probable que les Grecs et les Serbes n'auraient pas formé une alliance contre nous et la guerre entre les Alliés

” LA SERBIE

auraitété évitée. C'est l'intérêt même d’une

‘paix durable dans les Balkans, qui exige

une solution particulière de la question de Salonique, où s'enchevétrent non seulement les intérêts des Etats balkaniques, mais aussi ceux des grandes puissances. Nous ne voyons vraiment pas pour quellès raisons on devrait laisser ce port exclusivement entre les mains des Grecs. Les Grecs, qui possèdent déjà tant d’autres ports, pourraient se passer facilement de Salonique.

À ce titre, Salonique nous est bien plus nécessaire, à nous Bulgares. Cette question n’admet que deux solutions; Salonique et son hinterland devrait tomber sous le condominium des Bulgares et des Grecs sans les Serbes, en tout cas, — ou bien cette ville devrait être transformée en un port international libre. »

‘Donc, lorsqu'il s’agit de Salonique, où il est impossible de trouver même

un âne bulgare, de la population ne joue plus aucun rôle. Ce sont les intérêts et les besoiris des Bulgares qui importent dans ce cas là. Les Grecs, disent-ils, ont tant d’autres ports qu'ils pourraient se passer de celui-ci.

Les Bulgares, en raisonnant ainsi, oublient que par rapport aux Serbes, ils se

trouvent aussi dans une situation privilégiée

en ce qui concerne les ports. En effet, tandis qu'ils possèdent des ports sur la mer Noire et sur la mer Egée, les Serbes n’en possèdent nulle part. Cela n'empêche pas les Bulgares de dire que le port de Salonique doit appartenir, soit à la Bulgarie seule, soit aux Bulgares et aux Grecs en commun, mais à l'exclusion des Serbes !! Et il se trouve encore des publicistes, ainsi M. Wendel par exemple, pour prétendre que c’est nous les Serbes qui manifestons une injustice

aveugle envers nos voisins de l'Est !!! M.

Une nouvelle loi électorale en Croatie

Une nouvelle loi électorale est en train d'être élaborée en Croatie. Le projet se trouve actuellement devant le Sabor croate et il est certain qu’au cours de la discussion générale, elle sera adoptée à l’unanimité des partis politiques. Comme la Croatie est le centre d’une partie de notre peuple, dont elle porte le nom, et comme elle jouit par son autonomie, d’une position spéciale.

parmi les pays yougoslaves de la monar-

chie austro-hongroise, nous croyons que le mouvement politique en Croatie ne serait pas sans intérêt pour nos hommes politiques aussi bien que pour les amis de notre peuple. À cet effet nous exposerons les principaux traits de la nouvelle loi en y ajoutant quelques détails.

D’après cette nouvelle loi, la Croatie (Croatie et Slavonie, avec Fiume) sera divisée en 122 circonscriptions électorales. Jusqu'à l’an 1888 elle était divisée en 112, mais par une loi de la même année, ce nombre fut réduit à 90 pour être aujourd’hui relevé à 122 circonscriptions électorales. Cette nouvelle loi prend pour base le nombre d'habitants : tous les 22,000 habitants environ (21,880 exactement) forment une circonscription électorale. Ce chiffre (21,880), est inférieur à celui des circonscriptions électorales de Hongrie (41,987) et d’Autri-

le caractère ethnique |

-criptions électorales en Croatie furent très

. litaires sous les drapeaux et les gendarmes

Dimanche 9 Décembre 1917 - Ne 49. 4

A

che (55,372), mais il est supérieur aux chifA Îres des circonscriptions électorales des pe. tits Etats d'Europe (Norvège, Danemark Grèce) dont le nombre total d'habitants ne dépasse pas celui de la Croatie. D'après les lois électorales précédentes, les circons:

différemment divisées au point de vue du nombre d'habitants par chaque circonscrip-# tion ; ainsi par exemple, la circonscriptions électorale de Karlobag comptait 14,244 ha: | bitants, tandis que celle de Bjelovar en coinptait 56,324. Cependant, la nouvelle lois électorale donne à chaque circonscription un nombre à peu près égal d'habitants.

La nouvelle loi proclame le droit de suis frage universel. Aura le droit de vote: toutu homme ‘ayant 24 ans accomplis, ressortis-\ sant de Croatie et Slavonie, inscrit sur la” liste électorale et qui n’est pas privé de ce droit ou dont le droit n’est pas suspendus pour les cas spéciaux prévus par la loim Sont privés du droit de vote: 1° ceux q sont en tutelle où curatelle; 20 ceux qui” sont assistés par la commune ou par l'Etat; 1 3° ceux qui sont sous le coup d’un pieces en faillite; 4° ceux qui ont subi certaines peines entraïnant la perte du droit de vote. Le droit de vote est suspendu pour les mi-

et gardes de police. Chaque électeur n'a. qu’une voix. | Est éligible tout électeur qui, au surplus, \ a habité une commune en Croatie-Slavonie. pendant cinq ans au moins, qui sait lire, écrire et parler croate-serbe. Les députés / au Sabor ne peuvent pas exercer de fonc- | tions dans l'administration ni dans les tribunaux, ne peuvent pas être professeurs de / lycées ni instituteurs d'écoles primaires. ! Le gouvernement annonce officiellement les élections 14 jours avant le jour de scru- « tin. Quand il y a ballotage, le second tour. de scrutin a lieu 8 jours après. Chaque circonscription peut avoir plusieurs lieux de vote que le Sabor indiquera. Les élections ! sont dirigées dans chaque circonscription. par deux sortes de commissions. L'une reçoit les bulletins au lieu de vote et examine si le votant a le droit de voter; l’autre . dresse le procès-verbal constatant les résultats pour toute la circonscription. pe Les élections commencent à 8 heures du matin, le scrutin même doit commencer à ” 9 heures au plus tard. Les électeurs ont lew droit de déléguer 6 représentants auprès M de la commission qui se-trouve-au-liew de vote; pour chacun de ces représentants 15 signatures suffisent. Les électeurs sont À appelés par ordre alphabétique et l'appel doit être terminé à 3 heures du soir au plus” tard. Cette heure passée, les électeurs votent suivant l’ordre de leur arrivée dans le

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lieu de vote. S'il n’y a plus personne le .

scrutin est clos à 4 heures, s'il reste en-” core des électeurs le scrutin est prolongé fe jusqu’à ce que tous les électeurs aient voté” sans que cependant le scrutin puisse se prolonger après 6 heures du soir. Le lendemain des élections, la commission dans chaque circonscription dresse le procès-verbal et proclame les résultats pour toute la circonscription.

Les électeurs votent par bulletins sur lesquels le nom du candidat est imprimé ou écrit à la main. Chaque électeur reçoit une enveloppe et se retire dans une chambre isolée, y met dans son enveloppe le bulle-

FEUILLETON.

Corfou! — et son âme tressaille en regardant, par dessus les montagnes, les crêtes lointaines du Balkan.

EEE EE La cérémonie religieuse est très belle. Trois popes s’avancent,

éclatants de couleurs splendides. L'un est tout de soie crème à fleurs bleues ; l’autre est tout d’or jaune,

et le troisième semble une large ÿ

|

ï

LA ,SLAVA‘“ SERBE

par Mme Marcelle Tinayre

Mme Marcelle Tinayre a publié dans la « Revue des Deux Mondes » une série de correspondances hautement intéressantes et littéraires de Salonique et du front macédonien. Nous en reproduisons ici quelques passages qui se rapportent aux mœurs serbes :

Pendant que la ville se revêt de blanc et de bleu, comme une enfant de Marie vouée aux couleurs de la Vierge, pendant qu'on prépare les orgues pour le Te Deum et les torches pour la retraite, les Serbes achèvent de débarquer de Mikra. L

En dépit des mines et des sous-marins, en dépit des espions qui infestent les îles de l’Archipel et les côtes découpées du Péloponèse, notre marine a réalisé ce miracle de transporter toute une armée de Corfou à Salonique, sans perdre un bateau, sans perdre un homme ! Le peuple martyrisé. assassiné, dont on disait: « Il ne revivra jamais plus pour la guerre, » achève sa résurrection. En vérité, c’est un beau jour que celui-ci, où le dernier contingent serbe arrive en Macédoine, dans ce coin de terre qui va de Sédès à Mikra et qui est maintenant la Serbie.

Cat elle est là, vivante devant nous, vivante en son armée encore douloureuse et meurtrie, mais vaillante. C’est pour l’aider à renaître que nos marins ont dragué la mer, que nos soldats ont remué le sol, que l’on_a fait surgir les baraques, les hangars, les appontements, dans la baie solitaire, et plus loin, sur le sol ondulé, les champignons bruns et blancs des tentes. La Serbie est là! Comme une guerrière blessée s’assied au bord de la route et se repose avant de partir vers le combat, la Serbie fait ici une halte suprême, — après Santi-Quaranta, après

*

Aujourd’hui, le 15me régiment d'infanterie serbe célèbre sa fête, la Slava, en l’honneur de son patron Stevan Sindjèlitch. On a bien voulu m'inviter à cette cérémonie où quelques femmes seulement étaient admises, avec les généraux des armées alliées, Sarrail, Milne Boïovitch, et le général grec Moschopoulos.

Le régiment, massé par sections, avec sa musique et son drapeau, occupe trois côtés de la prairie. Dès que les généraux ont quitté leurs voitures, la Marseillaise et l'Hymne serbe les saluent. lis remontent la pente, suivis de leur cortège, et se rangent derrière l'autel. Et la cérémonie commence, / : É

Slava, ce mot signifie « gloire ». La fête militaire d'aujourd'hui est, en effet, une glorification. Depuis des siècles, chaque famille serbe a coutume de fêter, à la date fixée par le calendrier, le saint qu’elle a choisi comme patron domestique, et qui est toujours un saint national. Suivant cette tradition, toutes les associations corporatives, tous les régiments de Serbie, ont un patron religieux ou héroïque, pris dans la légende ou dans l’histoire, et que l’on fête avec grande piété et grande pompe. -

Le patron du 15me régiment est le héros Stevan Sindjélitch, qui combattit avec trois mille hommes contre quatre-vingt mil'e Turcs de Kourchid Pacha, et fit sauter la citadelle de Nich, le 15 mai 1809, anéantissant, sur les corps de ses derniers soldats mourants, un grand nombre d’ennemis et lui-même. |

La Slava, qui commémore ce héros, comporte un ‘programmetrès varié : office divin, discours du commandant, banquet, exercices de gymnastique, chants et danses. Cela peut rappeler les fêtes viriles de la Grèce, avec leurs soldats devenus athlêtes, musiciens et chorèges, Pour moi, c'est au moyen-âge chevaleresque et féodal qu'un tel spectacle me ramène ; j'oublie le paysage macédonien et les évocations classiques, je crois vivre un épisode de nos chansons de geste.

fleur violette, une large pensée de sont debout, près de la table, et leur grave psalmodie s'élève vers le ciel orageux qui s’éclaire lentement et s’ensoleille; un chœur de voix mâles répond par une supplication répétée insistante. La

velours chatoyant et sombre, Ils 4

Serbie gémit

% par ces voix. Elle demande miséricorde, sans se lasser, à la be ge

mystérieuse qui doit être toute pitié, mais aussi toute justice. Puis, trois hommes viennent se placer en face des popes : le colonel du régi-

ment, le plus ancien sous-officier, le plus ancien soldat, Un prêtre leur

remet le pain rond qu’ils prennent en leurs mains rapprochées et font tourner lentement, lentement, et qu’ils baisent enfin, avec respect, têtes » .|penchées et mains unies. à

Quelqu'un me dit: « C’est un très vieux rite qui existait déjà lors-

que la Serbie était païenne. Ii s’est perpétué à travers les âges et s’est associé aux rites du culte chrétien. »

Sans doute, c’est le symbole de la fraternité nationale par la communion du pain, l'accord des hommes du même sang pour vénérer la terre maternelle dans le froment put, aliment premier, nourriture essentielle des races. Belle cérémonie qui paraît plus auguste en ces joufs d'épreuve et parle profondément au cœur. Avant de gravir son calvaire, le Christ voulut « rompre le pain » avec ceux qu'il aimait, La Serbie a déjà souffert sa Passion ; déjà, elle a porté sa croix de douleur, bu le fiel et le vinaigre, connu l’'amertume des trahisons. Sa souffrance n’est pas finie. Avant l'ultime sacrifice et la victoire, elle célèbre encore une fois la Cène et elle atteste, en rompant le pain, l'union de tous ses fils. Dans une joie grave et voilée comme le ciel, sur ce sol étranger, elle affirme son invincible espérance, car les peuples méritent de Vivre quand ils n’ont pas craint de mourir ef, pour celui-là, se lèvera un jour, bientôt, le Soleil de Pâques.

. Poe se termine Par une commémoration des morts, auprès de a stèle pavoisée. Un officier dénombre et nomme les glorieux morts morts du régiment. Il invite leurs camarades, agenouillés dans l'herbe,