La Serbie

Ne 33.

_iSamédi7 Septembré 1918 —

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que leurs nationaux viendraïent au pouvoir et essaient de jeter la responsabilité pour les massacres du début de la guerre aux Croates! Mais toutes ces tentatives sont résolument rejetées par les Serbes autant que par les Croates. Le souvenir douloureux des tortures supportées et la vue du grand cimetière où lest jetée la fleur du peuple serbe en Bosnie, ne pourrait dicter aux chefs serbes qu'une attitude nettement. hiostilé à toute promesse et invitation des Magyars, Mais les Magyars ne désarment pas facilement, N'ayant pas réussi auprès des chefs, ils entreprennent une propagande destinée à gagner les paysans serbes mêmes, Le journal croate de Zagreb « Obzor » (11 août) dit à ce sujet:

« D’après les nouvelles reçues de Sarajevo, les agents du gouvernement magyar {et plus particulièrement le directeur de la banque magyare à Sarajevo, Geza Stux) s'efforcent maintenant @galtirer à eux les paysans en exploitant la question agraire. On connaît la revendicalion des kmètes {serfs) qui réclament une solution de la question agraire obligatoiré pour les grands propriélaises. Gependant le gouvernement bosniaque s’est toujours refusé à cette solution el a adoplé une solution! facultative qui favorise les grands propriétaires et réduit des malheureux kmètes à la mendicité, ceux-ci doivent en effet travailler uniquement pour les agas (propriétaires musulmans), Comme en dehors d'un petit nombre de Musulmans ayant à leur tête Serif Arnaoulovitch, personne parmi les Croates et les Serbes n’a voulu $e laisser prendre aux intrigues des Magyars, l'idée est alors venue aux Magyars de gagner les agriculteurs, par la promesse dans le sens obligatoire! »

Ces manœuvres de division el ces promesses alléchantes, ‘ion voit qu’elles sont vouées. à l’insuccès, Si quelques éléments douteux, d'ailleurs possibles à trouver, 5e rangeaient du côté magyar, ce fail ne pourra rien changer à Ja résolution de l'énorme majorité du peuple, Et le yœu de l'écrasante majorité du peuple ne voit qu'une seule issue à la situation actuelle, cest union de tous les Serbes, Croates el Slovènes dans un ÆEtat libre de toute tutelle étrangère, quel que soil son caractère, |

Ler

La politique de la coalition serbo-croate

Le « Slovenski Narod » du 3 août a publié un article très intéressant sur la coalition sérbo-croate, dû à la plume de M. Kukovec, qui semble ‘être très bien renseigné sur les questions croates. Nous le reproduisons presque «in extenso » à ütre d’information:

« La raison conduit tout homme sensé, écrit M. Kukovec, à cette conclusion que cest autour de Zagreb que devrait graviter actuellement tout le problème yougoslave. Il apparaît cependant que Zagreb ne joue pas ce rôle, et il est alors naturel de voir notre peuple qui, dans .des déclarations innombrables, issues de Lous les pays vougoslaves s’est exprimé en faveur de l'Etat des Serbes, Croates et Slovènes, se demander pourquoi Zagreb ne joue pas le rôle dirigeant. Notre devoir est d’expliquer êes faits pour que dans notre peuple ne senracine point une üpinion erronée.

De ce côté de la Leitha, toutes les{Diètes des provinces peuplées par les Yougoslaves sont suspendues; en Bosnie il en est naluréellement de même. Partout règne le

; s ES À ; Dpt régime des commissariats. À Zagreb par

contre existe une vie constitutionnelle, La majorité du Sabor de Zagreb est représentée par- la coalition croalo serbe, groupement politique composé du parlé indépendant croate et du parti indépendant serbe, La coalition dirige le Banat avec son gouvernement national et avec un ban croate, ce qui, dans ces temps de guerre, a, même au point de vue économique, la plus grande ‘importance, L'aide apportée aux Serbes et aux 20.000 affamés de -Bosnie, Dalmatie et du Littoral nous müntre clairement Ja valeur du constitution, On a même promis des exportalions de Croatie en faveur de Papprovisionnement de la Dalmatie. Même dans une autre direction cette représentalion. nationale a fait usage de son pouvoir dans ces dernières semaines, en faveur du peuple, en lutlant contre les frankistes qui ont voulu vendre la Croatie et remplacer le régime actuel par le commissariat, Après plusieurs années de luttes contre l'influence magyare, la coalilion a.réussi à s'emparer du pouvoir en Croatie €t°à former le gouvernement à Zagreb ôù régnail avant elle sous différentes formes le régime ‘de Khuen-Hedervari. Ceci s’est produit sur la base de fraternité des: popufations croates et Serbes, — alors qu’auparavant on utilisait les Croates contre les Serbes, et inversement el loujours avec le but daffaiblir la Croatie qui, de cette façon, courait vers la ruine économique. Le relèvement ‘économique el un gouvernement propre national, basé sur la réconciliation des Croates et des Serbes, tel a éLé depuis le commencement ‘le mot d'ordre de la coalition serbo-croate, Si'nous consultons Ja liste des députés de la coalition. nous y. trouvons des hommes excellents, qui ont beaucoup souffert dans la lutte avec Budapest, qui possèdent des qualités remarquables et jouissent de la confiance illimitée de leurs électeurs, »

Mais ce qui embarrasse beaucoup de gens c’est que la coalition croate n’a jusqu'à maintenant et dans aucunie déclaration officielle manifesté ses aspirations vers un état indépendant de tous les Yougoslaves. Il en est résullé ceci:

« Lorsque, le mois dernier, ül était question d'une tentative de Vienne et de Budapest de résoudre la question yougoslave dans un sens soi-disant croate, on a même soupçonné la coalition de faire bon accueil à l’appel de Budapest, cependant aujourd'hui on affirme que ‘sur ce point rien d'irréparable n'a été fait. En outre, dans ces derniers - temps, d'excellents orateurs; appartenant aux partis serbes et croales de la coalition, sont montés à la tribune du Sabor de Zagreb. Dr Duchan Popoviteh: Dr Bertitch et Svetozar Pribitchevitch ont à. un tél point insisté sur l’unilé du peuple des Serbes, Croates et Slovènes qu'ils ont éveillé en nous l'espoir que bientôt viendra effectivement le temps où Zagreb prendra en mains la lutte pour notre avenir, La déclaralion de Popovitch qu'il est également slovène et serbe où encore mieux que tout cela, qu'il ‘st tout simplement yougoslave revêl une importance historique, De même les paroles de Bertitch que le succès de la guerre mondiale sera la création de l'Etat yougoslave, ne sauraient être trop hautement appréciées, »

Dans la suite de son article, M. Kukovec discute lPattitude opportuniste observée actuellement par la <oalilion, et ül pose la question suivanle:

« Tant que nous respecterons les dispositions constitutionnelles. nous ne devons

maintien de la

£ Fe GT LE } 5318 : ti pas. nous atlendre à un Etat des Serbes. Croales et Slovènies. ».

Et il conclut qu'il est impossible d’obtenir sans lutte ce résultat, Voici d’après l'auteur ce que répond ‘la coalition.

… Faut-il cependant jeter le pays dans l’insécurilé et le livrer aux violences magyares et aux commissarials ?

Telle est la réponse de la coalition à toutes les remarques semblables. Il y à beaucoup de gens qui tout en étant de bons patriotes n’osent pas, pour des raisons importantes, réfuter ‘cette répontse.

Le parti le plus fort de la minorité — le parti de Slarcevitch — ne reconnaît pas le compromis (Nagodba) entre. la Croalie et la Hongrie. Ce parli, qui a derrièr® lui une grande partie du peuple croate, se basant sur la déclaration du mois de mai et sans se ‘soucier ni°de. Budapest ni de Vienne, a réclamé un Etat natiGnal et propre des Serbes, Croates et Slovènes. Sous ‘ce rapport, il a, abandonnant toute “idéc- égoïste, modifié son programme anté“rieur qui ne visait ‘que les Croates tel de ce fait a fait à l'idée yougoslave un sacrifice qui est tout à son honneur. Maïs bien qu'appréciant hautement les poliliciens de ice parti, 1l nous semble cependant que dans leurs rapports avec la éoalition et en ce qui concerne la question nationale, ils devraient au lieu dadopter une altitude combattive, rechercher plutôt Punion. .

Les hommes politiques croales et serbes de Dalmatie ont apporté à lunité nationale une grande contribulion, qui mérite boul éloge, en décidant’ à Split, et eu égard à la situation de la nation, de supprimer toutes les différences de partis, Leurs intentions élaient incontestablement nobles. Il s'agissait pour eux de renforcer notre lutte pour un avenir meilleur. L'opinion dominante a été toutefois qu'il vaut mieux laisser Zagreb décider lui-même et sans pression, Car il est reconnu que, dans les deux pays {Croatie et Dalmatie), les représentants nationaux sont probes et qu'il n’est pas douteux qwau premier signal ils #engageront tous dans la même voie, »

Le congrès de Ljubljana

Les 16, 17 el 18 Juillét a eu lieu à Ljubljana un imposant congrès yougoslave auquel ont pris part les représentants des peuples tchèque ct polonais, pour manifesler aïnsi leur solidarité avec les Slaves du Sud dans leur luttes contre l'oppression, austno-magyare, A l'arrivée du train qui amenait les hôtes polonais et tchèques, le présiaent du Censeil de Ljubljana, Tavtchar, proncença le discours de bienvenue, « En saluant les frères yougoslaves, lui répondit le président de l'Union chèque, Dr Stanek, qui serrent les rangs pour résister aux vagues étrongères, les Slaves du Noni comprennent que dans ce combat pour l'existsr2e naticnale, ils doivent faire cause commune avec les Yougoslaves. Cette action rolidaire ‘rendrait possible et sûre la victoire, car les dirigeants devront finir par se rendre compte qu'en Aulriche ce sont les Slaves qui disposent de la majorité et qu'à ce titre ils ont le WHroïl) de disposer de leur sort et d'être autre chiose que les esclaves -e la minorité, »

Ensuite ont commencé dans l'Hôtel de Ville

les délibérations au sujet de la création du Conseil’

Nalional de Ljubljana. L'assemblée a 616 ouverte par un, discours du président du Club yougoslave. « L'heure est venue, dit-il, de montrer au monde entier notre cohésion intérieure vis-à-vis de nos! oppresseurs, Il est aussi indispensable de préparer la réponse quand on nous demandera de dire avec précision ce que nous voulons et ce que nous désirons. C'est dans ce but que nous nous sammes réunis en Conseil National pour sauvegarder ce qui nous est commun et sacré pour

réclamer et pour réaliser ce qu'il nous reste encore ‘à oblenir. »

Après les disecurs qui ont montré d'une façon éclatante la volonté des peuples slaves dé secouer le joug étranger et de constituer les Etais absolument indépendants, (on à procédé aux élections du Comité directeur du Conseil National, Le Dr, Dr. Anton: Korochets a été élu président à l'unanimité,

L'assemblée a ensuite voté les statuts du Conseil :

«1, Notre intention est de créer un Conseil National commun, des Slovènes, Croates et Serbes vivant dans la Monarchie, dans lequel, d'après un accord basé sur le système proportionnel, se trouveront représentés tous les facteurs politiques qui adoptent comme base l'unité du peuple poupons et qui aspirent à la réalisation d'un

tat indépendant yougoslave,

2. Dans les pays cisleithanS est créé le Conseil National, dont le devoir et la compétence sont de délibérer et de prendre des décisions sur loutes les questions que les facteurs représentés dans le Conseil National considèrent comme communes, 3. Conformément à l'art. 2 sont considérées surtout ‘comme affaires communes :

‘&) l'action pour l'union du peuple you slave dans ue Etat ibn RIT CES

b) l'action systématique pour l'égalité complète de notre langue dans les écoles, l'administration, et dans toute la vie publique;

c) la protection des minorités nationales, l'action: organisée par les minorités nationales et la lutte pour l'instruction nationale ;

d) l'établissement de notre langue dans toutes les administrations publiques et entreprises publiques ;

e) le développement et le défense des intérêt communs et de la conscience nationale dans le sens de l'émancipation économique;

f) la représentation populaire et le maintien des avantages de notre peuple vis-à-vis de l'extérieur et d'accord avec la délégation parlementaire,

g) la défense et. l'action des affaires culturelles communes ;

h) les questions relatives à l'honneur et à la discipline nationale,

Les discours du Dr Stanek, leader tchèque, et du Dr Glombinski sont à remarquer. Nous reproduisons un passage de chacun.

« Les Jours que nous vivons maintenant à Ljubljana, a dit le Dr Stanek, sont d'une grande importance, non seulement pour les Yougoslaves, mais aussi pour nous, Slaves du Nord: ‘l'chèques et Polonais, Les heures que vous vivez sont cansolantes pour nous et nous donnent la garantie de la victoire finale sur ceux qui nous perséautent et qui ne nous permettent pas de respier librement, »

Le Dr Glombinski a dit: ‘

«Les Allemands et les Magyars voudraient que nous continuions À rester dorénavant encore esclaves, maïs nous n'avons que trop longtemps supporté le joug pénible qui nous a oppressés pendant des sièces. Nous nous sommes réveillés de notre profond sommeil et nos adversaires sent devenus inquiets et ragent, Ils se rendent compte que les temps sont passés où ils pouvaient nous exploiter en employant le principe « divide et impera ». Frères slaves, marchons donc ensemble dans les combats: soyons tunis dans la vie comme dans la mor, »

Pour terminer le congrès, les Tchèques, les Polonais et les Yougoslaves ont publié le communiqué suivani :

«La conférence de Ljubljana, à laquelle ont assisté, le 17 août, les Polonais, les Tchéco-Slovaques et les Yougoslaves, s'est occupé de tous les problèmes culturels, sociaux ‘et économiques ayant trait à la réalisation du droit de libre aisposition, de ces peuples, ainsi que de la question, de régler de façon durable les rapports de ces peuples entre eux et avec les autres Etats. On a constaté l'unanimité de tous les délégués relativement aux prinepeis et À la tactique commune qu'il convient d'adopter pour atteindre le but final, »

D,

= FEUILLETON

Le régime de la navigation sur le Danube

LE RAPPORT

à la Conférence internationale parlementaire du commerce

PAR

Drago Yoksimovitch, député serbe

(Suile et fin)

Dans cet ordre d'idées elle a demandé el acquis le privilège de percer le canal de Ports de Fer à condition de. faciliter la navigation.Bien au contraire, elle! avait fixé des taxes tellement élevées que la navigation au ligu: d'être facilitée, ‘était entravée. Il est curieux de noter que le coût du tonnage depuis Belgrade aux Portes de Fer incluses. soit un parcours de 100 kilomètres est égal au coût du tonnage des Portes dé Fer jusqu'à Anvers.

ÆEnfin comme preuve que l'Autriche attachaït une si grande ämportance au Danube pourrait servir le fait quella a offert à la Serbie une place dans la Commission Européenne du Danube à titre de compensalion pour l'annexion de-la Bosnie-Herzegovine, provinces serbes arrachées par lle en 1908. Il va de, soi qe (ce marché mal

honnête à été refusé par la Serbie.

Le Danube est, comme je lai dit, d'une importance) générale au point de vue économique, Ainsi, il/;y a 10 fans,

moyen.

gation du Danube.

grès de la Paix.

un ingénieur allemand s’est adressé à la Serbie pour obtenir la concession de Pexploitation de €hutes d’eau di Danube

Pendant la guerre actuelle la presse des puissances centrales ja soulevé la question de relier au moyen dun canal avec lé Rhin. En même temps on a parlé d’une éommunication directe entre Je. Danube et la mer Egée par la Morava et le Vardaxr, les fleuves qui traversent la Serbie de part len part. C’est là en Macédoine serbe qu'aujourd'hui encore vos fils héroïques et admirés par fous ilous livrent de combats sanglants aux côtés de leurs frères d'armes serbes contre lennemi commun Austro-Allemands et Magyaro-Bulgares. |

Si l'on ajoute à cela que Constanza, port roumain sur la mer Noire, est en voie de devenir un port ‘allemand, et que d'autre part. les convoitises aulrichiennes touchant Salonique, sont toujours aussi vives qu'avant, ce serai un pêché impardonnable que de négliger cette fois, encore de qonner une solution juste et équitable à la navi

J'ai voulu donner ‘un tableau en miniature de l'état actuel des choses touchant le Danube pour vous inviter à entreprendre l'étude à fond de Ja question danubienne, qui nécessairement doit être réglée définitivemient au Con-

Bucarest nous voyons le Danube transformé en propriété fgermano-magyare, Comme fleuve reliant l'Orient avec l’Occident et servant de principal moyen de communications entre ces deux parties de l'Europe, son importance test également grande aussi bien pour les pays balkaniques que pour les pays de l'Entente. Dans ce rapport je (dis toujours Autriche, mais il faut retenir une. fois pour toules, que l'Autriche était et restera l'instrument de FAllemagne. En foulant les peuples balkaniques lAutriche applanil la route qui mène à Bagdad, aux Indes, mes chers collègues. anglais. Nos intérêts à ce point de vue (Sont identiques let par conséquent solidaires. Nous demandons. Messieurs, qu'on revienne pour Îe Danube aux grands principes reconnus par le ‘droit public, à savoir: Jibre disposition de cette voie ifluviale dans l'intérêt de tous, par conséquent la suspension de concessions existantes: la navigation ouverte à tous les peuples, égalité de tous dans la jouissance des avanlages commerciaux et économiques qu'offre cette grande

; ligne (de communication.

En ‘terminant, je tiens à branlable dans le triomphe de la cause de lEntente, triomphe dont je suis certain comme de la mort, et ïje vous prie instamment, Messieurs et chers collègues, de ne pas oublier le règlement équitable de la si importante question du Danube au Congrès de la Paix.

; Le Danube, fleuve latino-slave, avant lout est un fleuve serbo-roumain. Et la puissance qui en disposa de tout lé temps fut germano-magyare, Maintenant, c'est pis encore, | Ce n’est plus une voie internationale; après le traité de

vous affirmier ma foi inér

Drago YOKSIMOVITCH, député serbe;

Londres, fle 2 juillet. 1918.

Société Genevoise d'Editions et d'Impressions. — Genève