La Serbie

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LA SERBIE

Lundi 19 Mai 1919 — N° 21

Notre question monctaire

M. le Dr Velizar Yancovitch vient de publier à Paris, chez Blond et Gay, une étude remarquable sur la question monétaire dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Nous voulons en détacher quelques aperçus. très instructifs. La question monétaire intéresse non seulement notre royaume mais aussi tous les autres Etats héritiers de l’ancienne Autriche-Hongrie. Comme M. Yancovitch le remarque fort justement, ces pays peuvent s’entendre et aborder la solution de la question fous ensemble ou bien alors chacun pour soi. Qu'on adopte la première ou la seconde manière de procéder, une prompte solution s'impose et cela de la manière 1a plus urgente. En,la retardant, tous ces pays courent à un véritable désastre financier et économique. Une entente entre eux par le moyen d'un contrat, fixant la répartition de tout le contingent des couronnes austro-hongroises, nous paraît inopportune et même irréalisable.

La situation monétaire de chacun des Etats intéressés est différente l’une de l’autre et, par conséquent, l'intérêt pour la collaboration n'est pas le même. Par exemple : la Roumanie possède, à côté des couronnes, une très grande quantité de papier-monnaie spécial, émis par l'Allemagne, à côté d'une grande quantité de marks, de roubles, de livres, levs et de leïs, qui se trouvent en circulation. L'Italie possède, à part les couronnes, beaucoup de bons du trésor de Venise et de lires nouvellement émis par l'ennemi. En Pologne, il y a, outre Îles couronnes, des roubles russes, des marks allemands, etc, etc.

Le seul moven de sortir de ce chaos de couronnes en papier de l’ancienne monarchie consisterait en l'application de procédés séparés et indépendants. Ce règlement autonome et indépendant de la question monétaire devant se faire en dehors de tout accord, les Etats intéressés devront régler la répartition des couronnes émises au prorata du contingent des couronnes se trouvant dans le pays avec ses nouvelles limites.

Une première mesure qui s'impose avant toute autre, c'est Le retrait de la circulation du papiermonnaie. Même si l'on ne faisait rien de plus que de retirer, après que l’estampillage aura été fait, une partie du papier-monnaie et ainsi de diminuer la circulation (par exemple de moitié), un grand pas en avant sera fait, en faveur du change, déjà à la suite de la loi économique de l'offre et de la demande.

Mais le plus important de la solution réside, principalement, dans la dernière mesure, à savoir : émettre, immédiatement, pendant même que le retrait s'effectue, à la place de ce papier-monnaie sans valeur et compromis, un autre moyen d'échange, bon et sain et, en ce cas, national. Ici nous pensons à un argent fiduciaire, des billets de banque garantis par une bonne couverture, une monnaie dont la valeur inspirerait confiance dans le pays aussi bien qu’à l'étranger.

Ce retrait d'une mauvaise monnaie qui est à l'ordre du iour maintenant, dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, ainsi que son remplacement par une bonne monnaie nationale, pourrait être effectué de plusieurs façons différentes, suivant que l’on désire appuyer la réforme du change sur le fisc ou directement sur les citoyens. Les modalités et méthodes typiques, puisées dans l’expérience moderne, seraient les suivantes :

1° Le rachat, c'est-à-dire l'échange de la mauvaise monnaie ennemie par de la bonne monnaie nationale, au pair, ou éventuellement au cours normal que la monnaie ennemie avait envers la monnaie nationale, avant que la première ne fût détériorée. C’est ainsi qu'a procédé dernièrement la France en Alsace-Lorraine et dans les départements réoccupés. 29 Emprunt intérieur forcé, respectivement échange du papier-monnaie de lennemi contre des bons du trésor ou des obligations de l'Etat, généralement au pair, portant intérêts ou peut-être même sans intérêts.

Un tel emprunt intérieur devrait être naturellement souscrit complètement, ou du moins en grande partie, avec le papier-monnaie qu’on veut retirer de la circulation.

En agissant ainsi, en émettant des bons de l'Etat pour les marks allemands (dont l'émission s'élevait en Belgique à environ six milliards de marks), la Belgique a notablement diminué la circulation des marks dans son pays. Le reste des marks allemands a été remplacé immédiatement par des billets de banque belges au cours d'avant-guerre, c’est-àdire à 1 mark — 1 fr. 25.

La Tchéco-Slovaquie a employé une méthode semblable.

La méthode de dépréciation. — Elle consiste comme c’est connu, en l'échange du papier-monnaie = dont le retrait de la circulation a été décidé contre de bons billets de banque nationaux, d’après un cours de beaucoup inférieur à la parité, c'est-àdire un cours, réglé officiellement ; par exemple, 1:2 ou 1:3 et ainsi de suite. Alors, pour chaque somme retirée, on ne donnera qu'un demi ou un tiers de cette somme en monnaie nationale. _ Il est évident que cette méthode ne pourra être appliquée qu'au détriment des intérêts des citoyens et qu’elle provoquera facilement, surtout au commencement, un mécontentement dans le public. Pourtant ces sacrifices seront vite acceptés par lui, car il acquerra bien vite la conviction qu'avec ces sacrifices, il sauvera la valeur du reste de sa propriété. Cependant, l'observateur impartial devra arriver à la conclusion qu'au point-de vue de l’économie nationale et de la politique sociale, cette dernière méthode est la plus brutale. Elle est sans contredit une forme d'impôt sur la propriété, une sorte de confiscation ét une mesure antisociale.

Impôt général et réel sur la propriété. — Comme tel, cet impôt devrait être perçu naturellement en monnaie ennemie, vu que son but principal est la diminution de la circulation du papier-monnaie.

Voilà, exposées très brièvement, quelles sont Jes méthodés principales que l’on pourrait recommander. Il va sans dire qu’en outre il y en a d’autres, mais elles sont toutes similaires à celles que nous avons mentionnées, ou ne sont que des combinaisons de celles-ci.

Qu'on applique n'importe laquelle de ces méthodes, il est surtout important que le retrait du papier-monnaie de la circulation soit effectué dans le délai le plus court et le plus rapidement possible

* *

La monnaie nationale, cependant, qui doit remplacer, dans la circulation, le papier-monnaie devra, naturellement, être bien fondée, c'est-à-dire devrait être les billets de banque de la Banque d'émissions nationales par l'intermédiaire de laquelle l'Etat pense régulariser le change. De même, il faudra s'efforcer de réduire l'émission des nouveaux bis lets de banque à un minimum, dont la Banque dé‘mission serait en état d'effectuer le paiement in espèces.

Il semble que, chez nous, le change ne pourra être”

régularisé définitivement, si nous n’en appelons pas a l'étranger pour recevoir un emprunt destiné à le régulariser. Il nous semble encore que, sans un tel emprunt, il serait, en général, dans n'importe quel pays, extrêmement difficile d'effectuer une réforme monétaire radicale, sans égard à la méthode que l'on appliquerait pour le retrait du papier-monnaie, Les biens de l'Etat, domaines, forêts, etc., ne peuvent servir beaucoup à la réalisation de cette réforme, si l'Etat, ou la Banque d'émission, ne disposaient pas d’un minimum d'argent en espèces pour payer les billets de banque émis. Les revenus des domaines, etc, ne pourraient que difficilement donner le métal nécessaire, en tout cas pas en quantité suffisante pour payer les billets de banque.

Un emprunt extérieur pour la réforme monétaire serait sans contredit accompagné d'énormes difficultés aujourd’hui. Mais, bien entendu, il ne devrait pas être encaissé tout entier en métal effectif, vu que «l'actif» («Guthaben») d'une partie de cet, emprunt pourrait servir aussi, au commencement du moins, de couverture au change régularisé. Il est, cependant, tout naturel que l’on pourrait renoncer aujourd'hui même à cet emprunt si, par exemple, l'Etat en question recevait la couverture nécessaire en métal, en valeurs étrangères bien saines ou en devises quelconques sur l'étranger, lors du paiement de l'indemnité de guerre de la part de l'ennemi.

Le problème de Fiume et de Trieste

Une constatation italienne Le Secolo du 28 avril 1919 publie un article très intéressant de M. Attilio Cabiati sur l’hinterlanid économique de Trieste et de Fiume. Nous en re-

produisons, sans commentaires, les passages prin-

cipaux, en regrettant de ne pas pouvoir reproduire également la carte qui y est annexée et qui démontre bien que Trieste et Fiume ne sont en aucun rapport économique avec l'Italie.

Notre gouvernement, écrit M. Cabiati, a très bien fait d'autoriser la reprise du trafic avec l'Europe centrale, Autriche et Allemagne. On ne peut qu’espérer que cette reprise deviendra bientôt effective et affranchie de tous les obstacles qui empêchaient jusqu’à présent le commerce libre.

Il importe grandement à nos ‘producteurs de sortir de toute incertitude. Quelques chiffres démontreront l'unité des intérêts économiques qu'une longue suite de traités et d'éléments géographiques avait créée entre nous et l'Europe centrale, et, plus particulièrement, avec l'Allemagne. L'Allemagne représentait en 1915 le 25,8 % de notre importation et le 229 de notre exportation. Mais encore plus que par ces chiffres, l'importance pour nous des marchés allemands se manifestait par la nature de nos exportations. La fermeture du marché allemand ou un appauvrissement e-cessif de celui-ci pourrait jeter notre agriculiure méridionale dans une crise qu'on devrait éviter.

Mais l’Europe centrale nous utéresse aujourd'hui pour une autre raison, plus importante encore. Il serait opportun que nous abandonnions ce sentimentalisme politique avec lequel nous avons jusqu'à présent contemplé nos brillantes perles de Trieste et de Fiume et que nous adoptions un point de vue plus positif et non moins vital. En effet, le moyen le plus efficace de démontrer la profondeur de notre affection pour ces deux villes est de sauvegarder avec la plus grande jalousie leurs intérêts les plus essentiels et les plus indispensables à leur développement économique.

Que le lecteur jette donc un coup d'œil sur cette carte géographique, composée avec beaïcoup de soin, et sur la base de faits établis, par un de mes élèves lauréats, le lieutenant Morgari. Elle montre quelles sont les zones d’influence économique des différents ports adriatiques. Cette carte, qui est un véritable traité de géographie commerciale, illustre de manière frappante les deux faits qui nous intéressent ici : f

1° La profondeur formidable de pénétration des deux ports de Hambourg et de Brême;

2° Les zones qui constituaient les hinterlands de Trieste et de Fiume, zones qui sont presque, eomme on le voit, exclusivement mittel-européennes. - Quelques chiffres, pour Trieste, parlent un langage encore plus clair :

Provenance et destination des marchandises qui sont passées par Trieste en 1913 :

de pour Venise 177.080 Venise 156.500 Carniole 203.730 Carniole 152.530 Styrie 198.630 Styrie 75.940 Carinthie 140,380 Carinthie 34.050 Autriche 109.040 Autriche 220.330 Bohême 191.250 Bohême 121.090 Moravie 194.500 Moravie 39.770 Galicie 36.940 Galicie 26.480 Allemagne 52.766 Allemagne 122.767 Hongrie 103.971 Hongrie 132.944 Italie 31.679 Italie 54.078

Ces chiffres sont des tonnes.

Maintenant, il ne faut pas oublier que la zone d'influence de n'importe quel port est constituée en partie par sa position naturelle, mais pour une autre part, qui est de jour en jour plus importante, par les conditions artificielles qui sont celles qui attirent dans l’hinterland du port des territoires et des régions géographiquement éloignés. Au nombre de ces conditions artificielles figure en premier lieu le système des tarifs de transport. Cette vérité se montre lumineusement dans le cas de Trieste qui, ainsi du’on peut le voir, d’après les chiffres cités cidessus, avait la plus grande intensité de trafic avec le point extrême de son hinterland, c’està-dire avec la Bohême, qui, pour l'exportation et l'importation, représentait 2.125.000 quintaux. L’Autriche qui, sous ce rapport, a fait beaucoup de tort à Trieste, l'avait pourtant puissamment favorisée par un système de tarifs cumulatifs vraiment magistral. Malgré cela, la Bohême avait avec Hambourg un mouvement commercial trois fois plus important que celui qu’elle avait avec TrieSte, grâce au système de tarifs encore plus parfait introduit par l'Allemagne, ainsi qu’au transport encore plus remarquable et toujours plus perfectionné par les voies fluviales. Tout cela montre que le sort de Trieste, — et ce qui vaut pour Trieste, on peut le répéter mot pour mot pour Fiume, — est rattaché par un lien indissoluble non seulement au progrès commercial et industriel de son hinterland, c’est-à-dire l'Autriche, la Hongrie, la Bohême et la Bavière, mais aussi au degré des rapports amicaux que nous saurons rétablir avec ces pays-là dans le domaine commercial.

I suffirait que la Hongrie favorisât par un système ingénieux de tarifs un autre port de l’'Adriatique — or, les nouvelles voies fluviales qui sont projetées actuellement appuient cette hypothèse — pour que Fiume et Trieste reçoivent un coup dont elles se relèveraient dif ficilement.

J'espère qu’au lieu de courir après des mitlards hypothétiques de l'Allemagne, nos représentants économiques sauront demander à celle-ci, à l'Autriche et à la Hongrie un accord de tarifs internationaux ferroviaires arrangé de telle sorte que l'avenir de Trieste et de Fiume soit garanti.

Ce serait la meilleure forme d'indemnités à demander aux vaincus, et cela nous mettrait à leur égard dans une situation morale et commerciale pleine d'avantages féconds et qui se feraient sentir déjà dans un temps prochain.

Un document bulgare sur les atrocités commises en Serbie

Nous sommes à même de publier, grâce à l'obligeance de M. Reiss, une lettre secrète d'Ivan Dimitroff, chef du département de Vrania, au ministre de l'Intérieur et de la Santé publique de Sofia, lettre datée Au 23 mars 1916, sous le numéro 538, et doti une copie fut remise aux autorités serbes Ver une jeune fille de Vrania, employée comme dactylographe à la Préfecture de cette ville.

Après avoir critiqué très vivement la conduite des autorités militaires bulgares dans son département, ce préfet, qui paraît être un homme honnête exaspéré par la cruauté de ses compatriotes, dit à propos des événements de Sourdoulitza ce qui suit :

«On peut se rendre compte par tous les documents officiels cités que j'ai agi contre les internements illégaux, non seulement contre celui de Zaphiroff, mais aussi contre ceux de beaucoup d’autres, comme cela était mon devoir. J'ajoute encore que le colonel Kalkandjieff et le commandant Ilkoff m'ont empêché dans beaucoup de cas d'exercer mon devoir d'autorité suprême du département qu'on m'a confié. Cependant, j'ai toujours agi d’une façon conciliante. Je peux démontrer par des témoins que j'ai demandé deux fois, par l’entremise d'un «feldwebel» et d’un sergentmajor, qu'on ne commette pas la faute d’interner Zaphiroff et qu’on attenide encore, car

à

Zaphiroff était malade, très malade de rhumatisme articulaire, une très grave maladie constatée, par l’ordre d’Ikoff même, par la commission médicale et par le Dr Markoïf, capitaine-médecin au 2/3 hôpital. Markoff a délivré à Zaphiroff une attestation légale. I] ne faut pas oublier que feu Zaphiroff avait comme logeurs dans sa maison le colonel Kalkandiieff et le commandant Ikoff, et que le chef actuel du département habite sa maison. Le 23 janvier de cette année, Zaphiroff fut amené à Sourdoulitza, endroit bien connu des gens de Vrania et de Leskovatz, sans qu'on ait permis à sa femme de lui préparer les médicaments nécessaires et des vêtements. A Sourdoulitza, malgré qu'il avait une lettre particulière de moi pour le policier Georgieff de cette ville, on l’a laissé se reposer uñ peu sur la route et puis on l’a traîné à la mort. Ce même soir, le colonel Kalkandiieff n’a pas voulu recevoir mon secrétaire. Îl faisait la noce chez le commandant Ilkoff. Tous les deux fêtaient l'acte illégal de l'internement de Zaphirofi. La vie de ce dernier n'était cependant soutenue que par des injections et on attendait sa mort d’un moment à l’autre.

« Jusqu'à aujourd'hui, j'avais honte de parler du fait que le « feldwebel », en réponse à ma demande de protéger Zaphiroff, sortit son sabre et me menaça en agitant ce dernier au-dessus de ma tête et de cellé du vieillard malade arraché de son lit. C'est ce que le général Koutintcheff qualifie de «tâche bien comprise et énergiquement exécutée ».

Je suis profondément convaincu que quoique les motifs de ceux qüi,ont ordonné les internements fussent pates et nobles — on a interné d’une façon‘i#régulière et qu'on a tué les internés pour uvoir cacher leur internement irrégulier, qu’on a violé les femmes et les filles des internés et qu’on a volé leurs biens. En résumé, ie déclare que les méfaits de Kalkandiieff, d’Ikoff, et aussi de tous ceux qui les suivent : le capitaine Dimkoff, le lieutenant Hranofîff, le candidat-officier Antonoff, le candidat-officier Zoureff, le feldwebel Alexo Popoiff de Constantinople, le soldat Have Manoloff Bitpazarsky, le détective Gcorgi Hopoîff, etc., que tous leurs méfaits, dis-ie. sont fatals pour la Bulgarie et qu'il faudra au moins dix ans pour réparer tout le mal que ces gens ont fait à la Bulgarie, au nom bulgare et à la population d'ici. Les mêmes méfaits ont été exécutés à Nich, ce dont j'ai déjà fait des rapports au G. Q. G. à Monsieur le président du gouvernement et à vous-même, Monsieur le Ministre, et cela en demandant une enquête rapide et impartiale. Personne alors n’a voulu m'’entendre. Je tiens à votre disposition une enquête contenant les noms, les faits et les dates.

« Je voudrais vous communiquer également le fait typique que j'ai entendu à Leskovatz, fait démontré par les événements de Vlassotintze et d'ici, à savoir que le millionnaire Blagoye Ilitch Moumdiisky, qui possède des fabriques à Vranska Bania, à Leskovatz et à Vlassotintze et qui a sa famille à Karlovo et dont un des membres paraît être un commandant bulgare, a été tué. Ilitch, qui était très riche, ne s’occupait pas de politique. [1 portait touiours sur lui 100 à 120.000 lèves en dehors de sa montre, ses bagues, sa tabatière et d’autres obiets de valeur. Tout cela lui à été enlevé dans le ravin de Sourdoulitza, dont le peuple d'ici fait déjà des chansons cet en fera, hélas, encore ! Et ce même homme, avant d'être tué, a voulu donner à la Croix-Rouge bulgare un demi-million pour sauver sa vie. Mais les soldats préféraient s'emparer des 100 ou 120.000 lèves dont ils le savaient porteur. Ainsi il y a parmi nos hommes des gens qui, sans égard aux intérêts de la Bulgarie et de son armée valeureuse, se font des millions et des millions. Parmi ceux-ci, il y a aussi un certain sous-lieutenant Youroukoff, le commandant actuel de Sourdoulitza.

« Le colonel Kalkandiieff lui-même a dit au fonctionnaire Karadioff les paroles suivantes, qui en disent long : « Oui, je prends, je vole ! Voyez dans cette chambre, il y à beaucoup de divans,*et sur chacun il y à un tapis. Eh bien, c’est mon brigadier, le colonel Kyriloff, qui les a pris. » Ces mots de Kalandiieff, prononcés au logement du colonel, m'ont été ruoétés par Karadioff, chez moi, devant le lieutenant-colonel Dr Pavel Veltcheff, et je les ai répétés au colonel Kyriloff lui-même. D'après cela, vous pouvez vous imaginer Ja situation d’ici. Je suis à même de prouver par témoignage que deux soldats, de ceux qui ont assisté aux scènes terribles de Sourdoulitza, ont. perdu la raison et que deux autres Sont morts de crises de nerfs. :

« Je n'oublierai jamais de ma vie les paroles que j'ai entendues de Ja bouche du feldwebel Popoîf, le soir du 23 janvier de cette année, devant toute la famille de feu Zaphiroff et devant son frère : « J'ai déjà fait rouler beaucoup de têtes comme la tienne. Je la ferai rouler aussi ! »

IMPR. SONOR S. A. Rue du Stand, 48, GENÈVE

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