Le Comité de salut public de la Convention nationale

988 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

et de mourants, luttant contre les flots et les canons. Tout à coup, le tumulte du combat, l’effroi du danger, les cris de douleur des blessés cessent; tous montent ou sont portés sur le pont. Tous les pavillons, toutes les flammes sont arborés; les cris de : Vive la République! Vive la liberté et la France! se font entendre de tous côtés; c’est le spectacle touchant et animé d’une fête civique, plutôt que le moment terrible d'un naufrasge. Un instant ils ont dü délibérer sur leur sort. Mais non, citoyens, nos frères ne délibèrent plus, ils voient les Anglais et la Patrie. Ils aimeront mieux s’engloutir que de la déshonorer par une capitulation; ils ne balancent point; leurs derniers vœux sont pour la liberté et pour la République ; ils disparaissent! »

Ce n’est pas tout à fait ainsi que les choses se seraient passées, d’après les relations de l’amiral Howe et surtout du capitaine français Renaudin, qui se trouvait sur un vaisseau anglais à ce moment. Le Vengeur s'était battu avec acharnement contre trois vaisseaux ennemis; démâté de tous ses mâts, ayant en outre ses soutes à poudre envahies par l'eau, ce qui lempêchait de tirer du canon, il allait s’engloutir, malgré les efforts de l’équipage à pomper et à puiser; un autre vaisseau, le Trenteun-Mai, veut le prendre àla remorque, mais les Anglais le forcent à s'éloigner à coups de canon. L'eau gagne l'entrepont; plusieurs canons sont jetés à la mer ; néanmoins le vaisseau s'enfonce peuà peu. Le capitaine, voulant sauver ces braves gens, fait mettre son pavillon en berne. Plusieurs vaisseaux anglais lancent alors leurs canots disponibles à la mer, et ces embarcations reçoivent ceux qui s’y jettent les premiers. « À peine s'étaient-elles éloignées, ditle capitaine Renaudin, que le plus affreux spectacle s'offrit à nos regards : ceux de