Le Général Moreau (1763-1813)

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l'indignité de son propre rôle dans le coup d'État ; surtout il fut jaloux de la prodigieuse fortune élevée avec son concours. Tout cela, on ne saurait le nier en aucune façon. On ne s'en étonnera pas davantage, si l'on réfléchit au caractère inconsistant de l'homme (1), à la médiocrité de ses sentiments.

très vite, dès la fin de la Journée du 18 Brumaire. Moreau aurait fait dès lors au premier de ces personnages des ouvertures en vue d'arrêter ensemble la dictature immi-nente de Bonaparte. Bernadotte, en vrai Gascon, aurait répondu : « J'ai donné ma parole d'honneur de ne rien entreprendre comme citoven, mais je suis libre d'agir, si l'autorité publique in’en requiert. Que Moreau sorte du Luxembourg à la tête de son détachement, qu’il me somme, au nom du bien public, de faire cause commune avec lui pour défendre la liberté et la Constitution ; aussitôt je monterai à cheval avec mes aides de camp, je me mettrai sous le commandeënent de Moreau, je parlerai aux troupes et je ferai immédiatement arrêter et juger Bonaparte comme déserteur de l’armée d’'Egvpte et comme violateur de la Constitution. » À Gascon, Gascon et demi. Moreau « enchaïné par les lois de la discipline militaire, d’après lesquelles il était sous les ordres du général Bonaparte, ne fit pas ce que proposait Bernadotte ; etcelui-ci, de son côté, ne se crut pas libre d’a!ler au Luxembourg». Ainsi finit le récit de Bernadotte lui- même, = rapporté, dans lesMémoiresde Barras(t.IV,ch.[,p.84et85). | "€ . est un sable mouvant », disait Napoléon.