Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME: 457

l'armée régulière ; sa population, toujours armée, constituait une sorte de garde nationale dont le devoir se limitait à la défense de ses foyers contre l'étranger. En 1859, comme en 1866, le cercle tout entier prit les armes et s’apprêta pour la défense de ses forteresses: mais les Boccésiens ne firent en aucune façon partie des armées qui luttèrent alors avec tant d’héroïsme contre Pltalie, la France et l'Allemagne. Tout ce qu'on crut devoir faire fut de supputer le nombre des combattants, de régulariser un peu leur armement et de leur inculquer quelques notions de tactique élémentaire.

Telle était la situation des Bouches, quand, au mois d'août de l'année 1869, y arriva inopinément un ordre ministériel prescrivant l'inscription immédiate des hommes offrant les conditions nécessaires pour l'incorporation dans l'armée régulière. La population, s'imaginant qu'il ne s’agit de rien moins que de la transporter hors de ses confins, comme toute espèce de troupes, manifeste son mécontentement au capitaine Franz, commandant du cercle de Cattaro. Au lieu de rassurer les Boccésiens, en leur expliquant la teneur de la loi en ce qui les concerne, le chevalier Franz ne songe qu’à l'exécuter à la lettre, et il en fait parvenir une copie à chacune des paroisses. Dans quelques-unes de celles-ci, les paysans irrités rendent les popes responsables de ce qui arrive, et les menacent de mort s'ils osent faire euxmêmes l'inscription des hommes appelés. D’autres paroisses, plus sages, envoient leurs prêtres à Cattaro, pour demander au capitaine du cercle les éclaireissements nécessaires et pour tâcher d'obtenir au moins un sursis à l'exécution des ordres ministériels.

Le gouverneur de Zara proposait de son côté un sem26