Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 461

basards, une balle alla frapper un marchand qui suivait le chemin de Grahovo et l'étendit raide mort. Son frère, qui était parmi les insurgés, se précipita alors furieux au milieu des Autrichiens, puis se jetant sur Rinek et le frappant de son yatagan : « C’est loi, lui cria-t-il, qui as tué mon frère ; il faut que tu meures de ma main! »

Au début même de la révolte, on savait que les msurgés prenaient d'excellentes dispositions. Leur chefnommé Pantchitj, était un riche paysan de Joupa, un véritable type de héros, grand, imposant, aux cheveux noirs, aux yeux flamboyants. Avec douze autres Serbes dalmates, intelligents et instruits, il dirigeait tout le mouvement dans lequel entrèrent près de dix-huit cents hommes, armés, comme les Monténégrins, de deux pistolets, d'un yatagan et d’un long fusil pendu en bandoulière. Le reste de leur costume rappelle presque exactement celui des Tsernogortses et, comme chez ces derniers, les chefs sont couverts de broderies d’or et d'argent.

Les insurgés, dont les familles étaient réfugiées au Monténégro, avaient aussi mis en lieu de süreté tout ce qu'ils pouvaient avoir de précieux. Leurs signaux de convention étaient des coups de pistolet : ainsi pour un navire du Lloyd entrant dans les Bouches, chaque sentinelle tirait un coup; si c'était au contraire un navire de guerre, on lirait deux coups. Ils évoluaient du reste dans les montagnes avec une préfision qui faisait honneur au commandement. Pour s'encourager mutuellement, ils avaient une chanson de guerre dont la traduction ne saurait rendre la sauvage énergie :

» Aux armes! aux armes ! faucons des montagnes. Aux armes! pour défendre votre patrie opprimée par le pied

pesant de l'étranger ! 26