Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

468 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

et dans lequel eurent lieu en maintes occasions de sanglants combats.

Le 9 octobre, les insurgés, ayant occupé toutes les positions dominant le fort, commencèrent à tirer dans l'intérieur de celui-ci et à rouler des pierres vers les murailles. Leurs tentatives eussent été sans résultat si des Morlaques, chargés de l'approvisionnement de la compagnie qui constituait toute la garnison, ne leur eussent ouvert une poterne par laquelle ils entrèrent facilement. Le lieutenant qui commandait le fort ayant été tué, tous les défenseurs mirent bas les armes et se constituèrent prisonniers; mais comme on n'avait pas de quoi les nourrir et qu'on ne pouvait davantage occuper des hommes à les garder, on se contenta de prendre leurs fusils et de les renvoyer, en leur faisant prendre l'engagement de ne plus combattre les insurgés.

Encouragés par leur succès à Staniévilj, ceux-ci voulurent tenter un nouveau coup de main sur le fort de Gorajda et sur là Troïtsa. La forteresse de Troïtsa (Trinita), distante de quinze cents pas de Gorajda, commande la route de Budua à Cattaro; sa garnison, sous les ordres du lieutenant Blumenstein, était alors de cent hommes, non compris les artilleurs. Le 10 octobre, au matin, on remarqua des deux forts un mouvement sur les montagnes voisines, et même dans les terres labourées au-dessous de celles-ci. Quelques instants après, l'ennemi, dont une partie occupait les abords des ouvrages, s'élançait de toute part à l'escalade, et la Gorajda eût été enlevée, si deux bataillons avec une batterie de montagne n'eussent été expédiés immédiatement de Cattaro. Le major Pittel, qui conduisait cette troupe, la développa de façon à attirer l'attention de l'ennemi,