Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

100 LE PACTE DE FAMINE

Son âge? Il ne semble pas l'avoir su d'une facon bien précise. Tantôt il est né en 4722, tantôt en 1728. Dans d'autres narrations, ilest né entre ces deux époques à Beaumont-le-Roger, en Normandie. Quant à son nom: — Jean-Charles-Guillaume Le Prévôt, il y ajoute prétentieusement de Beaumont.

D'abord homme de lettres, s’il faut croire ses affirmations, il aurait publié, avant son incarcéraltion, divers ouvrages dont il ne donne pas les titres. Il abandonna bientôt la littérature, pour accepter Les fonctions de secrétaire du clergé de France, ditil dans l'histoire de sa captivité, d'employé dans les affaires du clergé de France, dit-il, plus modestement, dans une pétition à l’Assemblée Constituante ‘. Cet emploi lui procurait une existence aisée etle mettait aussi en rapport avec plusieurs familles honnêtes de la capitale. A l’époque de son arrestation, il remplissait ces fonctions depuis quelques années et il entrevoyait une alliance avantageuse ; il était même sur le point de la contracter, lorsqu'on vint l'arrêter. L’inspecteur de police » était entouré de satellites, avait une lettre de cachet à la main, et lui montrait des fers en lui annonçant des Cachots ! » Tout cela pour avoir dénoncé le Pacte de famine, qu'il avait découvert dans des circonstances extraordinaires : Au mois de juillet 1768, Rinville l'ayant invité à diner, le pria, pendant qu'il allait s'occuper des préparatifs du repas, d'examiner un contrat d'association que son receveur avait passé, quelques années avant, avec trois gros personnages financiers ou industriels. C'était une copie du Pacte de famine! Sous le fallacieux prétexte de mieux étudier le contrat et afin de pouvoir donner son avis en connaissance de cause, il persuade à Rinville qu’il doit lui permettre d'en emporter une copie chez lui.

Voilà donc ce secret important, dangereux à connaître, plus dangereux encore à divulguer, secret qui pénètre jusqu'aux plus profonds mystères de la politique royale et qui doit déshonorer la monarchie française à tout jamais, le voilà livré, sans raison, par un employé subalterne, évidemment imbécile ou coquin, auquel on l'a confié, sans plus de précaution.

Le Prévôt en fait aussitôt cinq copies, sur lesquelles il met ses

1. Dans sa brochure de 4791, il dit simplement : « J’avois déjà rempli plusieurs emplois honorables, jouissant de quelque considération dans la république des lettres par mon agrégation à diverses académies provinciales. » Dans sa pétition à lPAssemblée lévislative, Le Prévôt se qualifie d’ancien secrétaire du haut clergé de France,