Le Royaume de Monténégro : avec une carte

62 LE ROYAUME DE MONTÉNEGRO

Les autorités civiles sont considérées pourtant comme inférieures aux autorités militaires; un coup d’œil suffit pour s’en apercevoir.

A peine a-t-on passé la frontière, en venant de Dalmatie, qu'on est surpris de voir une chaussée remarquable conduisant de Cattaro à Cettigné. Certes, la partie de cette route qui se trouve sur le territoire autrichien n’est pas défectueuse, mais, en franchissant la frontière du Monténéero, on éprouve une véritable surprise, à la vue de cette grande et belle voie, si bien entretenue. Par des détours infinis, et en traversant une région des plus accidentées, elle conduit à la capitale, et, sur toute sa longueur, elle présente ce même pavage régulier. C'est la plus belle route d’automobiles qui se puisse rèver, et l’on ne s'attendait guère à la trouver dans ce coin perdu.

Les sinuosités de cette route ont, en général, une amplitude suffisante pour que voitures et autos puissent y rouler à bonne allure et sans danger, mais elle offre, cependant, d'assez nombreuses courbes qui ont à peine deux mètres de rayon. Sa largeur carrossable est de 4 mètres et sa pente maxima ne dépasse pas 1/30. Sur l’un des côtés on a dû élever un parapet, car elle côtoie presque toujours des ravins qui atteignent plusieurs centaines de mètres de profondeur.

Les ingénieurs qui ont mené à bien la construction d’une route pareille, et le Gouvernement qui en a conçu le projet et fait les frais, méritent les plus grands éloges. Ces ingénieurs ne sont autres que les officiers du génie, qui, tous, ont fréquenté les écoles spéciales de divers pays, le Monténégro ne possédant pas d'ingénieurs spécialistes. Pour l'exécution matérielle des grands travaux, le Ministre s'adresse à des entrepreneurs étrangers, et débat avec eux un prix à forfait, déterminé suivant les circonstances.

On trouve encore, dans le royaume, plusieurs autres chaussées semblables. Citons, par exemple, la route qui, de la capitale mène à Rieka et qui s'étend, par Podgoritza et Daniloverad, jusqu’à Nikschich; une autre encore, qui mène de Podgoritza à Plawnitza, sur le lac de Scutari; puis les grands chemins d’Antivari à Virbazar, et de Dulcigno à San-Nicolo, au sud du pays.

À l’ouest, de Nikschich à Wélinyé, et de Kolaschin à Bérani, à