Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

Comme Votre Excellence le voit, cette conclusion n’était guère d’accord avec les prémisses. Je n'ai pas dissimulé à Son Eminence que ces idées me paraissaient chimériques; Que, loin de calmer les Espagnols, elles me semblaient propres à ralluner en Espagne le feu de la guerre civile. Au surplus, n'étant nullement chargé de cette affaire, j'ai toujours laissé tomber la conversation après très peu de paroles.

Dans le dernier entretien à ce sujet, le cardinal m'a dit que ce qu'il y avait de mieux à faire dans ce moment était de laisser dormir la question du mariage de la Reine.

Ainsi, que le désir soit réel, je n’en doute pas. Mais j'ai peine à croire que ce soit là lun parti pris, une résolution concertée entre le Saint-Siëge et les Cours du Nord. Il est dans les allures du Gouvernement Pontifical de dire d’un côté à ces Cours: «Si vous pouvez amener ce mariage, nous en serons très satisfaits», et de dire de l’autre au Gouvernement espagnol. «Si vous nous offrez une Convention satisfaisante pour l'Eglise, nous sommes prêts à la signer».

J'ai vu avant hier M. Castillo. J'étais décidé à ne pas provoquer de confidences. Il est venu au devant de moi. Il m'a tout raconté; il a mis sous mes yeux des dépêches du cardinal Lambruschini qui me confirment pleinement dans mes conjectures. La reconnaissance de la reine Isabelle s’y trouve en toutes lettres et comme une chose qui n'est pas en question. Il y est parlé de la reine d'Espagne comme on parlerait du roi des Français ou de l’empereur d'Autriche.

M. Castillo m'a ajouté qu'il ne voudrait à aucun prix la reconnaissance de la Reine par un article spécial de la Convention. Il persiste à croire que la Convention était conforme aux bases que le Gouvernement espagnol avait établies et dont lui, Castillo, n'avait fait que transmettre une copie au cardinal Lambruschini. Il m'a dit que, sur les observations un peu tardives de son Gouvernement, il avait repris la négociation et qu’il avait déjà obtenu plusieurs des modifications que désirait le Cabinet de Madrid. Il m'a assuré qu’il ne restait d'autre difficulté sérieuse que celle de la ratification des ventes (/4 sanation, dit-il) des biens du