Le système continental et la Suisse 1803-1813
Tel est l’objet du système continental, sous toutes ses formes. Les décrets de Berlin et de Trianon, comme les mesures protectionnistes de brumaire font partie du même vaste plan, la conquête économique du continent par la France.
Le grand rival anglais une fois écarté, cette conquête ne semble plus devoir présenter de difficultés sérieuses. Les industries des Etats de l’Europe, affaiblies par diverses causes politiques et économiques, et surtout par la concurrence écrasante de la Grande-Bretagne, ne peuvent opposer à la France une longue résistance.
L'Espagne et l'Italie privées d'industries sont dépendantes de l’étranger et restent quantités négligeables. Les provinces polonaises et russes s’approvisionnent uniquement de marchandises anglaises ; la guerre de sept ans a fortement éprouvé l’industrie de l'Autriche que les lois protectionnistes de Joseph IT n’ont pas encore réussi à relever. Il existe bien en Allemagne quelques centres industriels, la Silésie, certains pays rhénans, la Saxe; mais la première de ces contrées a passé de 1755 à 1762 par la même crise que l'Autriche; les autres ont vu leur développement normal paralysé par l’Angleterre. La Suisse paraît seule en mesure d’offrir une résistance aux projets de l'empereur. Son industrie et son commerce, issus non pas de conditions naturelles favorables, mais d’efforts patients et souvent pénibles, ont pris au dix-huitième siècle un magnifique essor et partout en Europe ont tenu tête à Angleterre. IT n’est presque pas un article anglais dans les industries textiles qui à la fin du dix-huitième siècle ne trouve son rival à Zurich ou à Saint-Gall. L'industrie suisse des cotons notamment, la première après celle de l'Angleterre, envoie en abondance sur le continent ses toiles et ses indiennes et s’est rendue indispensable en France. Les attaches commerciales de la Confédération s'étendent sur toute l’Europe et se ramifient Jusque dans le Levant.