Le système continental et la Suisse 1803-1813
$ 19. La crise à son point culminant. Le développement de la solidarité.
Le système continental avait compromis en Suisse l’œuvre économique d’un siècle entier. En 1812, le Landamman Burckhard résumait en ces termes le bilan de dix ans du régime imposé par la France à son alliée. « Les manufactures de la Suisse, après avoir langui dans un état de souffrance progressive, touchent aujourd’hui à leur fin. Le paysan est pauvre ; l'impossibilité de vendre a fait cesser le travail ; le prix de la main-d'œuvre a baissé de moitié, celui des objets les plus nécessaires à la vie a doublé, et ces mêmes con‘trées où l’industrie la plus active avait multiplié les moyens de subsistance, présentent le spectacle de la plus affreuse misère {. »
Quelle opposition avec le tableau de richesse orgueilleuse qui, vingt ans auparavant, frappait les yeux du voyageur étranger! Quel contraste avec l’activité qui animait au dixhuitième siècle les manufactures des villes, les industries manuelles et domestiques dans les campagnes, avec l’expansion splendide du commerce suisse dans toute l’Europe, la prospérité économique du pays entier.
Les premières années de la Médiation avaient vu lentement dépérir la petite industrie et le petit commerce. C’est aux grandes maisons de commerce, jusqu'ici épargnées, que la crise allait maintenant s’attaquer. La stagnation totale des affaires durant les derniers mois de l’année 1810 avait porté à la classe industrielle et commerçante un coup terrible. À ce moment, bon nombre de maisons de Bâle et de Zurich furent obligées de liquider. D’autres, renonçant au trafic des denrées exotiques, devenu par trop risqué, limitèrent désormais leurs affaires aux produits continentaux. Les frères Mérian qui possédaient une des maisons les plus con-
1 Circulaire du 27 avril 1812. 21
Crise financière et faillites en 1844.