Le vingt et un janvier dix-huit cent quinze: suivi du tombeaux de Louis XVI et de Marie-Antoinette, au cimetière de la Madeleine : dédié à M. Descloseaux
(4) Et, veuve de ses rois , de leurs débris épars La France, avec terreur, détournait ses regards. Un jour funeste, un jour d’exécrable mémoire, Éternel déshonneur des pages de l’histoire, Renaissait chaque année, et s’écoulait, hélas! Comme un jour que n’eût point consacré le trépas. Üne muette horreur accueillait son aurore, Les heures se suivaient et l’accroissaient encore ; Mais, de larmes, d’encens nul tribut solennel, Avec le sang versé ne montait vers le ciel. En secret, des chrétiens l’auguste sacrifice Sanclifait l'instant souillé par le supplice ; La tendre piété, le zèle sans éclat Tentaient seuls d'effacer un profane attentat. .... Quels accens aujourd’hui dans les airs retentissent? À ces clameurs d’effroi, que de sanglots s'unissent! Aux lamentables sons de l’airain frémissant Tout un peuple, aux autels, accourt en gémissant. Peuple! couvre ton front de cendre et dE poussière ; Sous un voile de deuil entrevois la lumière ; Déchire tes habits ; frappe, meurtris ton sein. Non, peuple! de tes rois tu n’es point l'assassin. Apporte à leurs cercueils de funèbres offrandes ; Parfume-les d’encens; orne-les de guirlandes; Répète, avec des pleurs , les chants religieux Que la terre coupable ose adresser aux cieux : Invoque Samr Louis, et ce martyr auguste Dont la vie et la mort fut l'exemple du juste ; Près d’un Dieu, comme lui, par les siens condamné, Louis protégera son peuple infortuné (2).