Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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élever le fonds de la charité publique à 40 millions ? — Non, répondent les curés dauphinois, « ce n’est point aux peuples à pourvoir aux besoins des pauvres ; c’est au clergé. »

Et à l'appui de cette opinion, ils citent ce que disait à l'ouverture des États généraux le garde des sceaux, M. de Barentin, définissant les bénéficiers, une fois leur subsistance assurée, « simples distributeurs d'aumônes. »

Pour prouver que les biens d'Église appartiennent à l'Église et non au clergé, et que les titulaires des bénéfices n'en sont que les administrateurs et économes, les curés citent les capitulaires de Charlemagne et les canons devingt conciles, depuis celui d’Antioche, au LV* siècle, jusqu’à celui de Trente, au seizième (1).

Contre les usurpations du haut clergé et du clergé régulier, ils revendiquent « la quarte canonique des pauvres. » Par de longs calculs, résumés en tableaux (2), ils démontrent que les 160 millions, auxquels ils évaluent les revenus annuels des biens fonds ecclésiastiques, suffisent à l'entretien du sacerdoce et laissent disponibles les 40 millions qui, de droit, reviennent au soulagement des indigents. A ces 4) millions, formant les premiers fonds pour établir des bureaux de charité dans les 40,000 paroisses, pourraient s'ajouter, indiquent les curés dau phinois, les charités individuelles et particulières, qui, centralisées, distribuées avec économie et souvent employées en travail reproductif deleur valeur, décupleraient d'efficacité (3); — les « aumônes fondées » qui se stérilisent éparpillées et qui, administrées par les bureaux des paroisses, deviendraient d’une utilité puissante ; — les « communaux », boïs ct pâturages, qui,

(A)P, 454-155. (2) P. 170-180. (3) P. 488-190,