Les fêtes et les chants de la révolution française

XX: PRÉFACE.

hommes dont il suffit de dire les noms : Wagner, Berlioz, Beethoven. |

Mais, pour suivre dignement la voie tracée par de tels modèles, il faut prendre le peuple et l’art également au sérieux, et ne pas tomber dans l'erreur, trop accréditée, que le peuple est apte seulement à comprendre les productionsinférieures. C’est de cette idée funeste et fausse qu'est venu en grande partie le mal dont nous souffrons aujourd'hui. Nous avons entendu souvent parler d’« art populaire », de « théâtre populaire »; nous avons vu des hommes de bonne volonté faire de louables efforts afin de permettre au peuple de s'initier aux chefs-d'œuvre; mais, que les voix généreuses qui ont pris à tâche de plaider cette bonne cause ont été peu écoutées! Les difficultés suscitées à la réalisation de ce rêve ont paru être, jusqu’à présent, insurmontables.

Il n’en pouvait pas être autrement, car lès causes du malentendu sont profondes, et dépassent de beaucoup l'horizon propre de l'art.

À notre époque de lutte sociale, les partis ne sont plus des religions, mais représentent des intérêts. Les artistes, par l'éducation première, parles fréquentations, par l’habitude, par la force même des choses, sont donc amenés à vivre parmi cette classe de la société dont la plupart des membres, suivant une expression toute moderne, sont, par rapport au peuple, « de l’autre côté de la barricade ». Rares sont ceux qui parviennent à s’abstraire des influences de ce milieu. Ceux mêmes qui, se posant en novateurs, croient être en opposition avec ses tendances générales, s'abusent sur la signification réelle de leur tentative : ils s’ayancent en tête, mais dans la même direction. C’est à eux qu'est dû cet art infiniment raffiné, où chaque composition nouvelle prend à tâche de renchérir sur celle qui a précédé, qui caractérise la production musicale du xxe siècle commençant, — art qui mérite l'estime par la conscience et le désintéressement de son effort, sans que l’on sache encore bien distinguer quel avenir lui estréservé. En tout cas, l’on peut affirmer sans crainte qu'il n’a rien de populaire : ceux qui le pratiquent sont (quelles que