Les fêtes et les chants de la révolution française

31% APPENDICE.

Lesueur, à Paris, vendémiaire an XI (1802). Cet écrit contient, au sujet du Chant du 1° vendémiaire, les imputations suivantes, qu'il nous faut relever :

_ «A la fin de lan VII, Lesueur fut désigné par le Ministre de l'intérieur (Lucien Bonaparte) pour composer la [musique de la] fête du 1° vendémiaire an IX, qui fut exécutée à quatre orchestres dans l’église des Invalides... Lesueur rédigea un programme de ses intentions musicales, pour être distribué dans le Temple, le jour de l’exécution. Ce programme eut l'air de plaire au citoyen Sarrette. Il annonça qu'il le ferait imprimer et qu'il en surveillerait la distribution. Lesueur lui livra son manuscrit; mais, à son grand étonnement, la fête s'exécuta, et le programme ne fût point imprimé.

« … Quelques jours après, Sarrette vint lui annoncer qu'il avait reçut du Ministre l'autorisation de faire graver la partition de la fête du 1° vendémiaire. Voilà de belles démonstrations sans doute; en voici le résultat : quelque temps après la fête, les beaux arts eurent le malheur de perdre Lucien Bonaparte. Il fut nommé ambassadeur de la République près la cour d’Espagne. Sur le champ le citoyen Sarrette oublia ses promesses... Il avait fait graver la fête du 14 juillet (le chant de Méhul); il avait l’autorisation positive du Ministre de faire graver également la fête du 1 vendémiaire. Eh bien! cette autorisation, et la partition manuscrite de cette fête, sont encore au jourd'hui dans la poussière des magasins du cit. Sarrette! Que cet homme se justifie maintenant, s'il en a la force, etc. »

Le mémoire continue par cette réflexion : « Je touche au premier anneau de cette longue chaîne de persécutions accumulées sur Lesueur, etc. » Ouvr. cit., pp. 91-93. En effet, Lesueur, artiste aux grandes visées, caractère probe, esprit supérieur, allait être bientôt, à proprement parler, chassé de ce Conservatoire auquel il avait été des premiers (à la suite immédiate des fondateurs) à apporter le concours de son activité, de ses talents et de ses succès antérieurs.

Et les faits sont bien d'accord avec le récit de son défenseur officieux pour en attester l'exactitude. On n'a jamais retrouvé ce programme que Lesueur voulait faire distri-