Les serviteurs de la démocratie

30 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Fidèle à sa méthode de traduire sa pensée par des anecdotes, Montesquieu décrit ainsi le gouvernement despotique : « Quand les sauvages de la Louisiane veulent goûter le fruit d’un arbre, ils le coupent à la racine. — Voilà l’image du despotisme. » Dans un autre passage, Montesquieu se sert d’une seconde anecdote pour exprimer la même idée, « Charles XII, raconte-t-il, mécontent de décisions prises en son absence par le Parlement suédois, écrivit qu'à l'avenir il enverrait une de ses bottes afin qu'elle présidât les séances. »

En. deux traits fortement burinés, Montesquieu a marqué dans l'Esprit des Lois la différence qui existe entre le gouvernement monarchique et le gouvernement républicain. Le premier, d'après lui, est fondé sur l'honneur, le second sur la vertu. Honneur est Synonyme de point d'honneur et implique des idées de convention qui peuvent être justes ou fausses, La vertu est un sentiment naturel. Le faste et le luxe deviennent fatalement le point d'honneur de certaines monarchies. L’austérité au contraire s'impose comme la règle et le devoir des républiques.

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IV

Dans son beau livre, Montesquieu ne se contente pas de donner la définition des gouvernements qui se sont succédé dans l'histoire et de ceux qui existaient de son temps, il cherche quellé a été ou quelle est leur raison d'être, Cette raison, il croit la trouver dans la différence des climats. Théorie ingénieuse mais redoutable qui permettrait aux esclavagistes du sud de jus-